Conformité aux sanctions du Royaume-Uni et aux cryptomonnaies en 2025
Mary Rhoton 19 octobre 2025 0

Les cryptomonnaies ne sont plus une zone grise pour les sanctions du Royaume-Uni

En 2025, les entreprises de cryptomonnaies au Royaume-Uni ne peuvent plus ignorer les sanctions financières. Ce n’est plus une question de bonne volonté ou de vigilance ponctuelle. C’est une obligation légale, avec des conséquences pénales pour ceux qui échouent. L’Office for Financial Sanctions Implementation (OFSI) a publié en juillet 2025 une évaluation de menace sans précédent, révélant que plus de 7 % de toutes les déclarations de violation de sanctions impliquent des entreprises de cryptomonnaies. Ce chiffre ne représente pas une anomalie - c’est une tendance croissante, et la plupart des violations restent non déclarées.

Les autorités britanniques ont clairement dit : « La conformité passive ne suffit plus ». Si vous gérez des échanges de crypto-monnaies, des portefeuilles de stockage ou des distributeurs automatiques de cryptomonnaie, vous êtes soumis aux mêmes règles que les banques. Et si vous ne détectez pas un transfert vers une personne sanctionnée, vous commettez un délit pénal.

Quelles entreprises sont concernées ?

La réglementation ne cible pas seulement les grandes plateformes comme Binance ou Coinbase. Elle s’applique à toute entreprise qui, au Royaume-Uni, fait l’une des activités suivantes :

  • Échange de crypto-monnaies contre des devises traditionnelles (livres sterling, euros, etc.)
  • Opération de distributeurs automatiques de cryptomonnaie (crypto ATMs)
  • Stockage de crypto-monnaies pour des clients (portefeuilles custodiaux)
  • Émission de nouvelles crypto-actifs via des ICO ou IEO
  • Plateformes peer-to-peer qui facilitent les transferts entre particuliers

Depuis janvier 2020, toutes ces entreprises doivent être enregistrées auprès de l’Autorité des services financiers (FCA). Sans enregistrement, elles opèrent illégalement. Et depuis 2021, la vente de dérivés de crypto-monnaies aux particuliers est interdite - une mesure prise pour limiter les risques de fraude et de blanchiment.

Le système de surveillance est devenu techniquement exigeant

Les anciennes méthodes de contrôle, comme les listes de noms et les vérifications manuelles, ne fonctionnent plus. Pourquoi ? Parce que les transactions de cryptomonnaies sont rapides, anonymes et traversent les frontières en quelques secondes.

Un transfert de 50 000 £ peut passer d’un portefeuille à un autre, en passant par cinq adresses différentes, sans jamais toucher une banque. Et si l’une de ces adresses est liée à une personne sanctionnée par le Royaume-Uni - comme le directeur de la banque du Kirghizistan Kantemir Chalbayev - alors vous êtes en infraction, même si vous ne saviez pas.

C’est pourquoi les outils d’analyse de blockchain sont devenus indispensables. Ces logiciels traquent les flux de fonds sur Bitcoin, Ethereum, et d’autres réseaux. Ils identifient les adresses associées à des entités sanctionnées, même si ces adresses ont été mélangées ou utilisées dans des protocoles de confidentialité. Les entreprises qui n’ont pas ces outils sont à risque. Et les audits de l’OFSI montrent que la majorité des entreprises de crypto n’en ont pas - ou les utilisent mal.

Des entreprises crypto écrasées par une checklist de conformité sous un drapeau britannique fait de blocs blockchain.

La règle du « Travel Rule » est en vigueur

Depuis 2023, le Royaume-Uni applique la règle internationale du « Travel Rule ». Cela signifie que, pour tout transfert de crypto-monnaie supérieur à 1 000 £, les entreprises doivent collecter et transmettre des informations sur l’expéditeur et le bénéficiaire : nom, adresse, numéro d’identification. C’est exactement comme ce que font les banques pour les virements internationaux.

Le problème ? Beaucoup de plateformes de crypto ne le font pas. Ou alors, elles le font de manière incomplète. Certains échanges P2P ne collectent même pas les identités des utilisateurs. Cela crée des failles énormes. Et l’OFSI sait exactement où elles se trouvent.

Des sanctions concrètes contre des projets crypto

Le Royaume-Uni n’a pas seulement mis en place des règles - il les applique. En 2025, plusieurs projets crypto ont été sanctionnés pour avoir aidé la Russie à contourner les sanctions.

  • Le token A7A5, une crypto-ruble conçue pour échapper aux restrictions occidentales, a transféré 9,3 milliards de dollars en quatre mois. Il a été bloqué par le Royaume-Uni.
  • Les échanges Grinex et Meer ont été interdits pour avoir facilité des paiements liés à l’achat d’armes.
  • La banque du Kirghizistan, utilisée par la Russie pour financer des opérations militaires, a été sanctionnée - et les transferts de crypto vers ses comptes sont désormais interdits.

Ces cas ne sont pas des exceptions. Ce sont des avertissements. Le Royaume-Uni a imposé plus de 2 700 sanctions contre la Russie. Et il utilise les cryptomonnaies comme une cible prioritaire pour les faire respecter.

Les entreprises doivent investir - ou disparaître

Le coût de la conformité n’est plus un coût optionnel. C’est un coût de survie. Les petites entreprises de crypto, qui pensaient pouvoir se contenter d’un logiciel de base ou d’un consultant à temps partiel, sont maintenant en danger.

Les experts en conformité estiment que les entreprises doivent dépenser entre 15 % et 30 % de leur budget opérationnel pour la conformité aux sanctions. Cela inclut :

  • Des logiciels d’analyse blockchain (comme Chainalysis, Elliptic ou TRM Labs)
  • Des équipes spécialisées en crypto-compliance
  • Des audits trimestriels
  • Des formations continues pour les employés

Ce niveau d’investissement est inaccessible pour beaucoup. Et c’est exactement ce que les autorités veulent. Le marché se nettoie. Les entreprises qui ne peuvent pas payer la conformité seront éliminées. C’est la nouvelle réalité.

Un dirigeant crypto jugé dans une cour où les preuves sont des adresses blockchain sanctionnées.

La future réglementation : plus de transparence, plus de contrôle

Le Royaume-Uni prépare une nouvelle loi sur les cryptomonnaies, prévue pour fin 2025. Cette loi :

  • Reconnaît formellement les crypto-actifs comme des biens personnels en Angleterre et au Pays de Galles
  • Renforce les règles de promotion financière - les publicités sur les crypto doivent être claires, sans promesses de rendement
  • Étend la supervision du FCA et de HMRC (les impôts britanniques)
  • Introduit des exigences de transparence pour les projets de stablecoins

Le message est clair : les crypto-monnaies ne sont plus une niche. Elles font partie du système financier. Et elles doivent se conformer aux mêmes règles que les banques, les assurances ou les sociétés de gestion d’actifs.

Que faire maintenant ?

Si vous gérez une entreprise de crypto au Royaume-Uni, voici les 5 actions immédiates à entreprendre :

  1. Verifiez que votre entreprise est bien enregistrée auprès du FCA.
  2. Installez un outil d’analyse blockchain certifié pour scanner toutes les transactions.
  3. Mettez en place la règle du « Travel Rule » pour tous les transferts supérieurs à 1 000 £.
  4. Formez votre équipe à la détection des adresses sanctionnées - ne comptez pas sur l’automatisation seule.
  5. Créez un processus de déclaration interne pour signaler toute suspicion de violation à l’OFSI dans les 72 heures.

Ignorer ces étapes, c’est courir un risque criminel. Les amendes peuvent atteindre 1 million de livres ou 10 % du chiffre d’affaires annuel. Et les dirigeants peuvent être poursuivis personnellement.

La conformité n’est plus un choix - c’est une condition de survie

Les cryptomonnaies ont été conçues pour échapper au contrôle. Mais le Royaume-Uni a répondu en les intégrant au système de contrôle. Il n’y a plus de zone d’ombre. Les transactions sont traçables. Les sanctions sont appliquées. Et les entreprises qui refusent de s’adapter ne survivront pas.

Le futur des crypto-monnaies au Royaume-Uni n’appartient pas aux plus rapides, ni aux plus audacieux. Il appartient aux plus conformes.

Les crypto-monnaies sont-elles interdites au Royaume-Uni ?

Non, les crypto-monnaies ne sont pas interdites. Mais les entreprises qui les gèrent doivent être enregistrées auprès du FCA et respecter les règles de sanctions, de lutte contre le blanchiment et de transparence. Les particuliers peuvent acheter, vendre et détenir des crypto-actifs, mais ils ne peuvent pas utiliser ces actifs pour contourner les sanctions.

Quelle est la différence entre l’OFSI et le FCA ?

L’OFSI (Office for Financial Sanctions Implementation) est l’organisme qui applique les sanctions financières du Royaume-Uni. Il identifie les personnes et entités sanctionnées et enquête sur les violations. Le FCA (Financial Conduct Authority) est le régulateur des marchés financiers. Il supervise les entreprises de crypto, vérifie leur conformité aux règles de lutte contre le blanchiment et peut les sanctionner pour non-respect. Les deux travaillent ensemble.

Les portefeuilles non-custodiaux sont-ils concernés par les sanctions ?

Oui. Les portefeuilles non-custodiaux (comme MetaMask ou Ledger) ne sont pas directement régulés, car ils ne sont pas gérés par une entreprise. Mais si une entreprise de crypto vous permet de transférer des fonds vers un portefeuille non-custodial lié à une personne sanctionnée, cette entreprise commet une violation. Les entreprises doivent bloquer ces transferts.

Quels outils sont recommandés pour l’analyse de blockchain ?

Les outils certifiés par l’OFSI et le FCA incluent Chainalysis, Elliptic, TRM Labs et CipherTrace. Ces plateformes sont conçues pour détecter les adresses liées à des sanctions, des fuites de fonds, et des transactions suspectes. Elles sont intégrées aux systèmes des grandes entreprises et sont de plus en plus exigées par les assureurs et les investisseurs.

Puis-je utiliser une crypto-monnaie pour payer un fournisseur en Russie ?

Non. Toute transaction avec une entité ou un individu sanctionné par le Royaume-Uni est interdite, quelle que soit la méthode de paiement - y compris les cryptomonnaies. Même si le fournisseur n’est pas directement sur la liste des sanctions, si son portefeuille est lié à une entité sanctionnée, le transfert est illégal. Les outils d’analyse blockchain aident à détecter ces liens indirects.

Quels sont les risques pour un dirigeant d’entreprise non conforme ?

Les dirigeants peuvent être tenus personnellement responsables. Les sanctions peuvent inclure des amendes jusqu’à 1 million de livres, une interdiction d’exercer dans le secteur financier, ou même une peine d’emprisonnement si la violation est jugée intentionnelle ou négligente. L’OFSI a déjà entamé des poursuites pénales contre des dirigeants de crypto-entreprises.