Exigences d'enregistrement AUSTRAC pour les échanges de cryptomonnaies en Australie
Mary Rhoton 29 décembre 2025 0

Si vous gérez un échange de cryptomonnaies en Australie, vous devez vous enregistrer auprès d’AUSTRAC avant même d’accueillir votre premier client. Ce n’est pas une option. C’est une obligation légale. Et si vous ne le faites pas, vous risquez des amendes lourdes, une fermeture forcée, ou même des poursuites pénales. Ce n’est pas une menace vide : en octobre 2025, plus de 120 échanges ont été suspendus pour non-respect de cette règle. Ce n’est pas une question de bonne volonté. C’est une question de survie.

Que couvre exactement l’enregistrement AUSTRAC ?

AUSTRAC, le Centre australien de signalement et d’analyse des transactions, est l’organisme qui supervise la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme dans le secteur financier australien. Depuis 2018, les échanges de cryptomonnaies sont soumis à ses règles. Mais ce n’est pas tout ce qui touche à la crypto qui doit s’enregistrer.

Seuls les services qui échangent des devises fiduciaires (comme l’AUD) contre des cryptomonnaies (comme le BTC ou l’ETH), ou inversement, sont obligatoirement concernés. Cela inclut les plateformes en ligne, les kiosques crypto, et même les distributeurs automatiques de cryptomonnaies. Si vous ne faites que vendre des NFT ou gérer des portefeuilles privés, vous n’êtes pas concerné. Mais si vous permettez à quelqu’un de payer en dollars australiens pour acheter du Bitcoin, vous êtes dans le périmètre.

Que faut-il préparer avant de postuler ?

Vous ne pouvez pas simplement remplir un formulaire en ligne et espérer que tout va bien. AUSTRAC exige deux documents fondamentaux avant même de soumettre votre demande :

  • Un Programme AML/CTF : un manuel détaillé expliquant comment vous détectez, prévenez et signalez les activités suspectes. Il doit inclure des procédures pour vérifier l’identité des clients, surveiller les transactions, et former votre équipe.
  • Une Évaluation des risques de blanchiment et de financement du terrorisme : vous devez montrer que vous comprenez vos vulnérabilités. Par exemple : êtes-vous une plateforme internationale ? Acceptez-vous des clients anonymes ? Utilisez-vous des cryptomonnaies à confidentialité élevée comme Monero ? Chaque réponse change votre niveau de risque.

Si vous envoyez votre demande sans ces documents, AUSTRAC peut la rejeter sur-le-champ. Il n’y a pas de deuxième chance pour une première impression. Beaucoup d’échanges ont perdu des mois à attendre une réponse, seulement pour découvrir qu’ils avaient oublié de décrire leur processus de vérification d’identité.

Les nouvelles règles qui arrivent en mars 2026

Les règles actuelles ne sont que le début. Le 31 mars 2026, AUSTRAC élargit considérablement son champ d’action. À partir de cette date, vous devrez vous enregistrer même si vous :

  • Échangez du Bitcoin contre de l’Ethereum (crypto contre crypto)
  • Conservez des actifs numériques pour vos clients (service de custody)
  • Effectuez des transferts de cryptomonnaies au nom d’un client
  • Organisez des ICO ou vendez des jetons liés à des projets

Ce changement n’est pas une simple mise à jour. C’est une révolution. Il aligne l’Australie sur les normes mondiales de la Task Force d’action financière (FATF). Cela signifie que même les petits échanges qui pensaient être à l’écart seront maintenant sous surveillance. Si vous prévoyez d’ajouter des fonctionnalités comme des portefeuilles intégrés ou des prêts en crypto, vous avez déjà un délai limité pour vous préparer.

Distributeur crypto fermé par AUSTRAC, avec des documents et risques visibles.

La différence entre AUSTRAC et ASIC

Beaucoup confondent AUSTRAC avec ASIC, l’autorité des services financiers australiens. Ce n’est pas la même chose. AUSTRAC s’occupe uniquement du blanchiment d’argent. ASIC, lui, surveille les produits financiers.

Si vous vendez des jetons qui ressemblent à des actions (comme des tokens de revenus ou des titres tokenisés), vous devez aussi obtenir une licence AFSL d’ASIC. Mais si vous vendez simplement du Bitcoin comme une marchandise, AUSTRAC suffit. La frontière est fine. Un jeton qui donne des dividendes ? Probablement un produit financier. Un jeton qui donne accès à une application ? Probablement pas.

En juin 2025, plus de 40 entreprises ont reçu des avertissements d’ASIC pour avoir commercialisé des jetons sans licence. Beaucoup pensaient que parce qu’elles étaient enregistrées auprès d’AUSTRAC, tout allait bien. Ce n’est pas vrai. Deux régulateurs. Deux règles. Deux risques.

Les erreurs qui coûtent cher

Voici les trois erreurs les plus fréquentes que font les nouveaux échanges :

  1. Ne pas vérifier les clients : accepter des transactions sans ID, sans preuve d’adresse, sans vérification de source de fonds. C’est la principale cause de rejet d’enregistrement.
  2. Ignorer les transactions à haut risque : les transferts de plus de 10 000 AUD doivent être signalés. Les transferts vers des portefeuilles inconnus ou depuis des pays à haut risque doivent être examinés en profondeur.
  3. Ne pas tenir de registres : vous devez conserver les données des clients, les historiques de transactions, et les rapports internes pendant au moins 7 ans. Si AUSTRAC demande ces documents et que vous ne les avez pas, vous êtes en infraction.

En 2024, un petit échange de Sydney a été fermé après que des transactions de 2,3 millions d’AUD n’ont pas été signalées. L’entreprise n’avait pas de système automatisé. L’employé chargé de la conformité avait quitté l’entreprise deux mois plus tôt. Personne ne s’en était rendu compte.

Procès d'une entreprise crypto face aux régulateurs AUSTRAC et ASIC.

Comment réussir votre enregistrement ?

Voici ce que font les échanges qui réussissent :

  • Ils commencent tôt : même si vous n’êtes pas encore opérationnel, préparez vos documents 4 à 6 mois à l’avance.
  • Ils font appel à des consultants spécialisés : des cabinets comme Zitadelle AG ou Xenia Compliance aident à construire des programmes AML/CTF conformes. Ce n’est pas cher comparé à une amende de 200 000 AUD.
  • Ils utilisent l’outil d’évaluation en ligne d’AUSTRAC : il vous dit clairement si votre activité est concernée. Utilisez-le avant de perdre du temps.
  • Ils forment leur équipe : chaque employé doit savoir ce qu’est une transaction suspecte et comment la signaler.

Il n’y a pas de raccourci. Le processus est lent. Il peut prendre jusqu’à 6 mois. Mais si vous faites les choses bien la première fois, vous évitez des années de stress et de risques juridiques.

Protections pour les consommateurs

Même si vous n’êtes pas obligé d’obtenir une licence ASIC, vous êtes toujours soumis à la Loi australienne sur la consommation. Vous ne pouvez pas mentir sur vos frais, vos délais, ou la sécurité de vos plateformes. Si vous dites que vos fonds sont « 100 % sécurisés » alors que vous n’avez pas de garantie, vous enfreignez la loi.

Plusieurs échanges ont été poursuivis en 2024 pour des publicités trompeuses. Une entreprise affirmait que ses clients pouvaient « retirer leur Bitcoin en 10 minutes » - mais le retrait prenait en réalité 3 jours. Le tribunal leur a imposé une amende de 85 000 AUD pour pratique commerciale déceptive.

Que faire maintenant ?

Si vous êtes un échange en Australie :

  • Utilisez l’outil d’évaluation d’AUSTRAC pour vérifier si vous êtes concerné.
  • Commencez à rédiger votre Programme AML/CTF dès aujourd’hui.
  • Identifiez vos risques : quels types de clients avez-vous ? Quelles cryptomonnaies acceptez-vous ?
  • Engagez un consultant si vous n’avez pas d’expert en conformité en interne.
  • Ne attendez pas mars 2026. Les nouvelles règles arrivent vite. Préparez-vous maintenant.

La réglementation australienne n’est pas parfaite. Elle évolue. Mais elle est réelle. Et elle est appliquée. Ceux qui l’ignorent paient le prix fort. Ceux qui l’anticipent construisent des entreprises durables.

Tous les échanges de cryptomonnaies doivent-ils s’enregistrer auprès d’AUSTRAC ?

Non, seulement ceux qui échangent des devises fiduciaires (comme l’AUD) contre des cryptomonnaies, ou l’inverse. Les plateformes qui permettent uniquement l’échange entre deux cryptomonnaies (comme BTC pour ETH) ne sont pas encore obligées de s’enregistrer, mais cette règle change le 31 mars 2026. Les services de garde, les ICO et les transferts au nom des clients seront aussi concernés à cette date.

Quelle est la différence entre AUSTRAC et ASIC ?

AUSTRAC supervise la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. ASIC régule les produits financiers, comme les actions, les obligations ou les jetons qui ressemblent à des titres. Un échange de Bitcoin peut avoir besoin d’AUSTRAC seulement. Mais s’il vend des jetons de revenu ou des contrats dérivés, il doit aussi obtenir une licence AFSL d’ASIC.

Que se passe-t-il si je ne m’enregistre pas ?

Vous commettez une infraction pénale. AUSTRAC peut vous interdire d’exercer, vous infliger des amendes allant jusqu’à 200 000 AUD pour une entreprise, ou jusqu’à 1 million d’AUD pour une entreprise récidive. Des dirigeants ont été poursuivis en justice et ont reçu des peines de prison. Votre entreprise peut être fermée immédiatement.

Combien de temps prend l’enregistrement AUSTRAC ?

En moyenne, entre 4 et 6 mois. Cela dépend de la qualité de votre dossier. Si vos documents sont complets et conformes, le processus peut aller plus vite. Si vous oubliez un élément ou si votre évaluation des risques est vague, AUSTRAC peut vous demander des clarifications, ce qui rallonge le délai. Ne commencez pas votre activité avant d’avoir reçu votre numéro d’enregistrement officiel.

Puis-je faire l’enregistrement moi-même sans consultant ?

Techniquement, oui. Mais ce n’est pas recommandé. Le Programme AML/CTF doit respecter des normes très précises. Les erreurs courantes - comme une vérification d’identité insuffisante ou des rapports manquants - entraînent des rejets fréquents. Les entreprises qui font appel à des consultants spécialisés ont un taux de réussite 3 fois plus élevé. Le coût d’un consultant (entre 5 000 et 15 000 AUD) est bien inférieur au coût d’un rejet ou d’une amende.

Les crypto ATMs sont-ils concernés par l’enregistrement AUSTRAC ?

Oui. Tout dispositif qui permet d’acheter des cryptomonnaies avec de l’argent liquide ou de vendre des cryptomonnaies pour obtenir de l’argent liquide doit être enregistré auprès d’AUSTRAC. Cela inclut les distributeurs automatiques de cryptomonnaies, même s’ils sont gérés par une petite entreprise ou un particulier. Leur opérateur est considéré comme un fournisseur de service d’échange et doit respecter les mêmes obligations que les plateformes en ligne.

Quels documents dois-je conserver après l’enregistrement ?

Vous devez conserver pendant au moins 7 ans : les identités vérifiées des clients, les historiques de toutes les transactions, les rapports de transactions suspectes, les mises à jour de votre Programme AML/CTF, et les preuves de formation de votre personnel. AUSTRAC peut demander ces documents à tout moment, même des années après la transaction. Ne les supprimez pas.

L’enregistrement AUSTRAC garantit-il la sécurité de mes clients ?

Non. L’enregistrement signifie seulement que vous respectez les obligations légales de lutte contre le blanchiment. Il ne garantit pas que votre plateforme est sécurisée contre les piratages, les escroqueries ou les pertes de fonds. La sécurité technique (comme les portefeuilles froids, la multi-signature ou l’assurance) est une responsabilité distincte. Vous devez la gérer vous-même, indépendamment de votre enregistrement AUSTRAC.