Risque d'attaque 51% pour les petites cryptomonnaies : ce que vous devez savoir
Mary Rhoton 23 mars 2025 6

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Si vous détenez des petites cryptomonnaies, vous pourriez être en danger sans même le savoir. Une attaque 51% n’est pas une menace théorique - c’est un événement réel, déjà arrivé plusieurs fois, et qui cible surtout les projets peu connus. Contrairement à ce que beaucoup pensent, ce n’est pas un hacker qui vole vos clés privées. C’est bien pire : quelqu’un contrôle la majorité de la puissance de calcul du réseau, et peut réécrire l’historique des transactions. Vos fonds ne disparaissent pas, mais ils peuvent être dépensés deux fois. Et vous, vous ne pourrez rien faire.

Comment fonctionne une attaque 51% ?

Imaginez un grand livre de comptes partagé, où chaque transaction est vérifiée par des mineurs. Dans une blockchain comme Bitcoin, des milliers de mineurs du monde entier contribuent à cette vérification. Pour qu’un bloc soit ajouté, il faut que la majorité des mineurs acceptent sa validité. C’est ce qu’on appelle le consensus de Nakamoto.

Une attaque 51% se produit quand une seule entité - une entreprise, un groupe ou même un État - contrôle plus de 51% de la puissance de calcul (hashrate) du réseau. Dès lors, cette entité peut :

  • Annuler des transactions récentes (double dépense)
  • Bloquer des transactions spécifiques
  • Réorganiser l’historique pour effacer des paiements
  • Empêcher d’autres mineurs de valider des blocs

Elle ne peut pas voler des coins directement dans vos portefeuilles. Elle ne peut pas créer de nouvelles cryptomonnaies. Elle ne peut pas changer les règles du protocole. Mais elle peut tricher avec la vérité : ce qui a été payé, ce qui n’a pas été payé, et qui a reçu quoi. Et dans le monde des cryptos, la vérité est ce qui est enregistré sur la chaîne. Si elle est falsifiée, tout s’effondre.

Pourquoi les petites cryptomonnaies sont-elles ciblées ?

Bitcoin n’est pas vulnérable. Pour contrôler 51% de son hashrate, il faudrait des milliards de dollars en matériel et en électricité. C’est impossible pour la plupart des acteurs. Mais pour une petite cryptomonnaie comme Bitcoin Gold ou Ethereum Classic ? Pas du tout.

Les petites cryptos ont un hashrate faible - parfois moins de 1% de celui de Bitcoin. Cela signifie qu’un attaquant peut louer la puissance de calcul nécessaire sur des plateformes comme NiceHash ou MiningRigRentals pour quelques milliers de dollars. En quelques heures, il peut acheter suffisamment de puissance pour prendre le contrôle du réseau.

En mai 2018, Bitcoin Gold a subi une attaque où des transactions d’un montant de 18 millions de dollars ont été double-dépensées. Le réseau n’avait pas assez de mineurs pour résister. En 2020, une autre attaque a suivi. Les échanges ont dû suspendre les retraits. Les investisseurs ont perdu confiance. Le prix a chuté de plus de 70% en quelques jours.

Le cas de Monero est encore plus révélateur. Même si Monero est conçu pour être miné avec des processeurs ordinaires (pour éviter les ASIC), un pool de mineurs appelé Qubic a réussi à concentrer la majorité du hashrate en 2024. Cela a permis de réorganiser la chaîne de blocs sur plus de 100 blocs - une manipulation massive. Et pourtant, Monero n’a pas de vulnérabilité technique. Il a simplement été victime d’un déséquilibre économique : la puissance de calcul a été achetée, pas hackée.

Qui fait ces attaques et pourquoi ?

Les attaquants ne sont pas des adolescents dans leur chambre. Ce sont souvent des groupes organisés, parfois liés à des exchanges ou à des fonds spéculatifs. Leur objectif ? Faire du profit.

Voici comment ça marche :

  1. L’attaquant achète ou loue suffisamment de puissance pour contrôler le réseau.
  2. Il dépense une grande quantité de la cryptomonnaie sur un échange - disons 10 000 coins.
  3. Il attend que la transaction soit confirmée (par exemple, 3 confirmations).
  4. Puis il lance l’attaque : il réécrit la chaîne pour annuler cette transaction, et conserve les coins.
  5. Il vend les coins volés sur un autre échange, ou les convertit en Bitcoin ou en USDT.
  6. Il libère la puissance de calcul louée. Le coût total ? Peut-être 50 000 dollars. Le profit ? Plus d’un million.

Des chercheurs du MIT ont montré que ces attaques peuvent être rentables - même après les coûts de matériel et d’électricité - tant que la cryptomonnaie a une capitalisation boursière suffisante pour permettre des transactions de grande valeur. Et il existe plus de 200 cryptomonnaies avec une capitalisation inférieure à 10 millions de dollars. Toutes sont des cibles potentielles.

Un hacker loue de la puissance de calcul pour réécrire une blockchain et voler des transactions.

Les attaques réelles : ce qui s’est vraiment passé

Les exemples ne manquent pas :

  • Ethereum Classic (2019, 2020) : Deux attaques en moins d’un an. Des milliers de transactions annulées. Plusieurs échanges ont suspendu les retraits. Le prix a perdu 40% de sa valeur en une semaine.
  • Bitcoin Gold (2018, 2020) : Double dépense de 18 millions de dollars. L’équipe de développement a dû forcer un fork pour annuler les transactions malveillantes. La communauté s’est divisée.
  • Feathercoin et Krypton (2017) : Attaquées en quelques heures. Les mineurs ont fui. Les échanges les ont retirées. Elles n’existent plus.
  • Monero (2024) : Un pool a contrôlé 75% du hashrate. Les utilisateurs ont vu leurs transactions réorganisées. La communauté a dû intervenir pour rétablir la confiance.

Ces attaques ne sont pas des accidents. Ce sont des opérations calculées. Les attaquants choisissent les projets les plus faibles, avec des échanges qui acceptent des confirmations rapides, et des communautés peu vigilantes.

Comment les petites cryptomonnaies peuvent-elles se protéger ?

Il n’existe pas de solution parfaite. Toute mesure de sécurité a un coût - et souvent, elle va à l’encontre de la philosophie décentralisée.

Voici les stratégies les plus discutées :

  • Checkpointing : Des points fixes dans la chaîne sont validés par des entités de confiance. Cela empêche les réorganisations profondes. Mais ça centralise le contrôle. C’est un compromis.
  • Confirmations plus longues : Exiger 10, 20 ou 50 confirmations pour les gros transferts. Cela ralentit les transactions, mais rend l’attaque plus coûteuse et plus risquée.
  • Diversification des pools de mineurs : Si un seul pool contrôle plus de 30% du hashrate, c’est un signal d’alerte. Les communautés doivent encourager la répartition.
  • Surveillance communautaire : Des outils comme Crypto51 ou Blockchain.com permettent de suivre en temps réel la répartition du hashrate. Une chute soudaine du hashrate est un signe d’attaque imminente.

La plupart des petites cryptomonnaies ne font rien. Elles pensent que « ça ne leur arrivera pas ». Mais quand ça arrive, il est trop tard. La confiance ne se reconstruit pas. Les développeurs partent. Les échanges délistent. Les utilisateurs fuient.

Des investisseurs face à une bourse en ruine après une attaque 51% qui a brisé leur confiance.

Que faire si vous détenez une petite cryptomonnaie ?

Si vous possédez une cryptomonnaie qui n’est pas dans les 50 premières par capitalisation, posez-vous ces questions :

  • Quel est le hashrate total du réseau ? (Vérifiez sur Blockchain.com ou CoinWarz)
  • Combien de pools de mineurs existent ? Y en a-t-il un qui contrôle plus de 30% ?
  • Les échanges où vous gardez vos fonds exigent-ils au moins 6 confirmations ?
  • La communauté a-t-elle réagi à une attaque passée ? Ou a-t-elle ignoré le problème ?

Si vous ne trouvez pas de réponses claires, ou si le projet n’a pas de système de surveillance publique, alors vous êtes en danger. Ne gardez pas vos fonds sur un échange. Ne les utilisez pas pour des transactions importantes. Et si vous pouvez, vendez. Ce n’est pas de la peur - c’est de la prudence.

Le futur : les attaques deviennent des services

Les attaques 51% ne sont plus réservées aux experts. Des services en ligne, dans les marchés noirs, proposent désormais des attaques « à la demande ». Vous payez 10 000 dollars, et en 24 heures, votre cible est compromise. Ce n’est pas de la science-fiction. C’est déjà en cours.

Les mineurs professionnels, les fonds spéculatifs et même les criminels organisés utilisent ces outils. Le coût d’entrée baisse. La facilité d’exécution augmente. Et les petites cryptomonnaies n’ont aucune défense.

Le seul véritable rempart, c’est la puissance de calcul. Plus le réseau est grand, plus il est sûr. C’est pourquoi Bitcoin reste invulnérable. C’est pourquoi Ethereum, même après son passage au Proof-of-Stake, est protégé par des milliards de dollars de sécurité.

Les petites cryptomonnaies ne peuvent pas rivaliser avec ça. Elles ne peuvent pas payer pour une sécurité aussi grande. Alors elles doivent choisir : soit elles se concentrent sur une utilité réelle - un cas d’usage concret, une communauté active, une adoption réelle - soit elles deviennent des cibles pour les attaquants.

Le marché des cryptomonnaies n’est plus un terrain de jeu. C’est un champ de bataille. Et les petits projets, sans défense, sont les premières victimes.

6 Commentaires

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    Ronan Hello

    octobre 30, 2025 AT 17:20

    C'est fou ce que les gens croient encore que la blockchain c'est magique... T'as vu les attaques sur Bitcoin Gold ? 18 millions de dollars en quelques heures... Et on parle encore de "décentralisation" comme si c'était un slogan de pub. Je veux juste pas perdre ma thune, c'est tout.
    Je sors.

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    Océane Darah

    octobre 30, 2025 AT 19:21

    En fait, tu as tout faux. Les attaques 51% existent, mais elles sont exagérées par les médias pour faire peur. Les vrais hackers volent les clés privées, pas les réseaux. Et puis, pourquoi tu crois que les gros projets n'ont pas de problème ? Parce qu'ils sont trop gros pour être attaqués ? Non, parce qu'ils sont contrôlés par des institutions. Tu penses vraiment que Bitcoin est décentralisé ?

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    Emilie Hycinth

    octobre 30, 2025 AT 22:56

    Oh mon Dieu, encore un article qui fait peur pour vendre du FOMO. Tu crois vraiment que les petits projets ont une chance ? Sérieusement ? Monero, c'est juste un protocole avec une communauté qui parle trop. Et tu veux qu'on investisse là-dedans ?
    Je garde mon BTC et je laisse les autres jouer avec leurs petits coins. C'est pas de la méchanceté, c'est de la logique.
    Et puis, tu penses vraiment que les gens qui minent sur NiceHash sont des héros ?

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    Anaïs MEUNIER-COLIN

    novembre 1, 2025 AT 03:36

    Je suis tellement fatiguée de voir des gens qui pensent que la crypto c'est une affaire de technologie. Non. C'est une affaire de confiance. Et quand tu mets tes fonds dans une pièce qui a 3 mineurs et un site web fait sur Wix, tu n'as pas de confiance. Tu as une illusion.
    Et tu veux que je te dise ? Ceux qui ont perdu de l'argent sur Bitcoin Gold... ils ont eu ce qu'ils méritaient. Pas de diligence raisonnable. Pas de recherche. Juste du FOMO. Et maintenant ils pleurent.
    Je n'ai rien contre les petites cryptos. Mais je n'ai rien non plus pour ceux qui les soutiennent sans savoir ce qu'ils font.

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    Baptiste rongier

    novembre 3, 2025 AT 00:06

    Je trouve que cet article est vraiment bien structuré et clair. J'ai appris plein de choses, surtout sur les attaques à la demande sur les marchés noirs. Je pensais que c'était juste du cinéma, mais non, c'est réel.
    Je me suis mis à regarder le hashrate de toutes mes petites holdings. Et je dois dire... j'ai eu peur. Un pool contrôle 42% de Feathercoin... et ça n'a même pas l'air de déranger les devs.
    Je vais vendre une partie. Pas par peur, mais parce que je veux vraiment comprendre ce que je garde. Merci pour ce rappel à la prudence.

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    yves briend

    novembre 3, 2025 AT 17:57

    Les attaques 51% sont une faille structurelle des blockchains Proof-of-Work. Le consensus de Nakamoto repose sur l'hypothèse que les mineurs sont rationnels et qu'ils maximisent leur profit en respectant les règles. Mais quand le profit de la fraude dépasse le profit de la minage légitime, le système s'effondre.
    La solution ? Soit passer en PoS (Ethereum l'a fait), soit augmenter le hashrate via des mécanismes de récompense ou de staking obligatoire. Mais les petites chaines ne veulent pas payer ce prix. Elles veulent la décentralisation sans le coût.
    Et c'est impossible. Il n'y a pas de free lunch en crypto. La sécurité coûte de l'énergie, du capital, et de la vigilance. Si tu ne veux pas payer, tu deviens une cible.

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