SEC Philippines : Actions d'application des règles sur les crypto-actifs en 2025
Mary Rhoton 16 octobre 2025 1

Vérificateur de Plateforme Crypto Conforme

En mai 2025, la Securities and Exchange Commission des Philippines (SEC) a lancé un cadre réglementaire sans précédent pour les plateformes de crypto-actifs. Ce n’était pas une simple mise à jour. C’était une révolution. Le 5 juillet 2025, les nouvelles règles sont devenues obligatoires, et depuis, les grandes plateformes mondiales comme Binance, OKX, Bybit et KuCoin ont été ciblées. Pas pour les interdire. Mais pour les obliger à se conformer - ou à partir.

Les règles du jeu ont changé

Avant mai 2025, n’importe quelle plateforme étrangère pouvait offrir des services de trading, de dépôt ou de prêt de crypto aux Philippins. Pas de licence. Pas de bureau local. Pas de responsabilité. Les utilisateurs prenaient des risques énormes. En 2022, des milliers de personnes ont perdu des millions de pesos après la chute de Celsius et de FTX. La SEC a appris la leçon. Elle a créé le statut de Crypto-Asset Service Provider (CASP), une nouvelle catégorie juridique pour toute entreprise qui veut toucher le marché philippin.

Pour devenir CASP, une entreprise doit :

  • Être une société philippine, avec un capital payé minimum de 100 millions de pesos (environ 1,8 million de dollars USD)
  • Avoir un siège physique aux Philippines
  • Isoler les fonds des clients de ses propres actifs - pas de mélange, pas de risque de faillite collective
  • Utiliser un stockage à froid pour 95 % des actifs clients
  • Appliquer une authentification à deux facteurs et des audits de sécurité trimestriels
  • Surveiller toutes les transactions supérieures à 50 000 pesos avec des outils d’analyse blockchain
  • Garantir 99,5 % de disponibilité et traiter les retraits en moins de 72 heures

Les détails sont stricts. Les exigences sont élevées. Et les conséquences pour les non-conformes sont sévères.

Enforcement : Binance a été le premier, d’autres suivent

En 2024, la SEC a forcé Binance à quitter les Philippines. Pas par une loi. Par une pression ciblée. Les fournisseurs d’accès internet ont bloqué le site. Les applications ont été retirées des magasins d’applications. Des avertissements publics ont été diffusés. Les utilisateurs avaient 90 jours pour retirer leurs fonds. 78 % l’ont fait à temps. Les autres ont perdu accès. Et la fraude liée aux crypto-actifs a chuté de 67 % selon la police philippine.

En août 2025, la même stratégie a été répétée - mais cette fois, contre dix plateformes à la fois. OKX, Bybit, KuCoin, Kraken, LBank, CoinW… Toutes ont reçu un avis de non-conformité. Les blocages de sites ont commencé le 1er septembre 2025. Les app store ont été contactés. Les avertissements sont désormais affichés sur les réseaux sociaux.

Les amendes peuvent atteindre 10 millions de pesos (environ 180 000 USD) par violation. Pour chaque jour où une plateforme continue à opérer sans licence, elle paie 10 000 pesos supplémentaires. Et si la violation est jugée criminelle, les responsables risquent jusqu’à cinq ans de prison et une amende de 2 millions de pesos.

Qui est concerné ? Et qui ne l’est pas ?

Les règles ne s’appliquent pas à tout le monde. Les protocoles DeFi (décentralisés) ne sont pas concernés. Pas de registration pour Uniswap ou Aave. Mais les plateformes centralisées - celles qui tiennent vos clés, qui gèrent vos fonds, qui vous offrent des rendements - doivent s’inscrire.

Et il y a une limite claire : aucune plateforme CASP ne peut proposer des produits de rendement dépassant 20 % par an sans autorisation spéciale de la SEC. Pourquoi ? Parce que les offres à 30 %, 50 % ou même 100 % étaient souvent des arnaques. Des pyramides habillées en crypto. La SEC veut protéger les gens qui utilisent les crypto pour envoyer de l’argent à leur famille - pas pour spéculer.

Les chiffres le disent : 68 % des utilisateurs philippins utilisent les crypto pour les transferts de fonds. En moyenne, 287 dollars par transaction. Ce sont des travailleurs migrants, des mères, des pères. Pas des traders. Et ce sont eux les plus vulnérables.

Un coffre-fort sécurisé protège les fonds des utilisateurs contre un hacker, sous la surveillance d'un audit SEC.

Le marché avant et après les règles

En 2024, les Philippines avaient 15 millions d’utilisateurs de crypto - 9 % de la population. Le volume des transactions s’élevait à 18,7 milliards de dollars. C’était le troisième plus grand marché d’Asie du Sud-Est.

Mais 85 % de ces utilisateurs - soit 12,75 millions de personnes - utilisaient des plateformes non enregistrées. La plupart étaient basées à l’étranger. Pas de protection. Pas de recours. Pas de transparence.

Aujourd’hui, moins de 5 % des 240 plateformes identifiées remplissent les critères CASP. Cela signifie que la majorité des utilisateurs doivent choisir : soit se tourner vers les rares plateformes légales, soit utiliser des VPN pour accéder aux plateformes bloquées - ce qui les expose à de nouveaux risques.

Les analystes prévoient une baisse de 35 à 40 % du volume de transactions à court terme. Mais ils pensent aussi que le marché deviendra plus stable. Moins de fraude. Moins de faillites. Moins de pertes.

Les réactions : soutien, colère, incertitude

Sur Reddit, dans le sous-réseau r/PhilippinesCrypto, les discussions sont vives. Un utilisateur, CryptoPH2020, a écrit : « J’ai perdu 150 000 pesos sur Celsius en 2022. Ces règles sont dures, mais elles empêcheront d’autres d’endurer la même chose. »

Sur Twitter, 58 % des commentaires sont positifs. Les gens applaudissent la protection des investisseurs ordinaires. Ils veulent que les entreprises locales aient une chance équitable. Ils veulent que leurs économies soient en sécurité.

Mais 42 % des commentaires négatifs dénoncent la perte d’accès aux plateformes internationales. Certains craignent que les utilisateurs ne se tournent vers des canaux encore plus sombres : des échanges P2P non régulés, des messageries cryptées, des groupes Telegram. La SEC le sait. Elle a déjà averti que les transactions entre particuliers restent difficiles à contrôler.

Un travailleur philippin envoie de l'argent en toute sécurité, tandis qu'une arnaque à rendement élevé s'effondre.

Le futur : un fonds de compensation et la prochaine étape

En 2026, la SEC va lancer un Crypto-Asset Investor Compensation Fund. Financé par les frais d’inscription des CASP (0,05 % du chiffre d’affaires), il devrait générer 250 millions de pesos par an - soit 4,5 millions de dollars. Ce fonds remboursera les investisseurs lésés en cas de faillite d’une plateforme autorisée.

Et après ? La SEC a déjà annoncé qu’elle étendra la régulation aux protocoles DeFi d’ici 2027. Les smart contracts, les pools de liquidité, les protocoles sans intermédiaire - tout cela sera sous surveillance. Ce n’est pas une fin. C’est une nouvelle phase.

Que faire maintenant ?

Si vous êtes un utilisateur philippin :

  • Retirez vos fonds des plateformes non enregistrées avant qu’elles ne soient bloquées
  • Ne laissez pas vos actifs sur une plateforme étrangère - vous n’avez aucun recours
  • Choisissez uniquement les CASP enregistrés auprès de la SEC
  • Ne cherchez pas des rendements supérieurs à 20 % - s’il semble trop beau pour être vrai, c’est une arnaque

Si vous êtes une entreprise :

  • Commencez le processus d’enregistrement CASP dès maintenant - il prend 45 à 120 jours
  • Préparez vos documents : plan d’affaires, protocoles de sécurité ISO 27001, preuve de capitalisation
  • Utilisez le portail d’enregistrement officiel de la SEC avec les tutoriels en tagalog et anglais

La régulation n’est pas un obstacle. C’est un garde-fou. Elle ne tue pas l’innovation. Elle la rend durable. Les Philippines ont choisi de ne pas être le prochain FTX. Elles ont choisi de protéger leurs citoyens - même si ça fait mal.

Les crypto-actifs sont-ils interdits aux Philippines ?

Non, les crypto-actifs ne sont pas interdits. La SEC ne bloque pas l’achat, la vente ou la détention de bitcoins ou d’autres cryptos. Ce qu’elle interdit, c’est l’offre de services par des plateformes non enregistrées. Vous pouvez toujours acheter des crypto, mais vous devez le faire via une plateforme légale (CASP) ou en utilisant des méthodes P2P, avec tous les risques que cela implique.

Pourquoi la SEC exige-t-elle une incorporation locale ?

Parce que les entreprises étrangères peuvent disparaître du jour au lendemain, sans que les autorités philippines puissent les poursuivre. En exigeant une société locale, la SEC peut les tenir responsables. Elle peut saisir leurs actifs, les poursuivre en justice, et obliger les dirigeants à répondre devant les tribunaux philippins. C’est une protection pour les utilisateurs, pas une barrière commerciale.

Quelles sont les plateformes légales actuelles aux Philippines ?

À ce jour, très peu de plateformes sont enregistrées. Parmi les premières à avoir obtenu leur licence figurent Coins.ph, PDAX, et Binance.ph (une entité locale distincte de Binance.com). La SEC publie une liste mise à jour mensuellement sur son site officiel. Si une plateforme n’y figure pas, elle n’est pas légale.

Puis-je utiliser un VPN pour accéder à Binance ou OKX ?

Techniquement, oui. Mais ce n’est pas sécurisé. Les plateformes non enregistrées n’ont aucune obligation légale envers vous. Si vous perdez vos fonds, vous ne pourrez pas les récupérer. De plus, l’utilisation de VPN pour contourner les blocages peut être considérée comme une violation des conditions d’utilisation des fournisseurs d’accès internet, et pourrait entraîner des sanctions administratives. La SEC conseille vivement de ne pas le faire.

Comment savoir si une plateforme est vraiment enregistrée ?

Consultez la liste officielle des CASP sur le site de la SEC (www.sec.gov.ph). Vérifiez que le nom de l’entreprise correspond exactement. Vérifiez que le site web affiche clairement son numéro d’enregistrement CASP. Si vous ne trouvez pas cette information, ou si le site semble mal conçu, évitez-la. Les plateformes légales sont transparentes. Les arnaques, elles, le sont rarement.

Quels sont les risques de garder des crypto sur une plateforme non régulée ?

Vous risquez de perdre tout votre argent si la plateforme fait faillite, est piratée ou disparaît. Les plateformes non enregistrées ne sont pas tenues de séparer vos fonds des leurs. Elles peuvent les utiliser pour spéculer, les prêter à des tiers, ou les investir dans des projets risqués. En 2022, des milliers de Philippins ont perdu des millions de pesos parce que leur plateforme a été mal gérée. La SEC veut éviter que cela se reproduise.

La SEC va-t-elle interdire les DeFi à l’avenir ?

Pas encore. Les protocoles DeFi décentralisés ne sont pas soumis à la régulation actuelle. Mais la SEC a déclaré qu’elle étudie les risques liés aux smart contracts, aux pools de liquidité et aux rug pulls. Une régulation spécifique pour les DeFi est attendue d’ici 2027. Lorsque cela arrivera, les plateformes qui offrent un accès simplifié aux DeFi (comme des interfaces centralisées) seront probablement tenues de s’enregistrer comme CASP.

1 Commentaires

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    Elise Barthalow

    novembre 6, 2025 AT 04:01
    Je trouve ça génial 💪 Les Philippins ont osé protéger leurs gens. C’est rare et c’est beau.

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