Vous avez peut-être entendu parler de la blockchain comme si c’était la seule technologie de registre distribué. Mais ce n’est pas le cas. La blockchain est juste une forme parmi plusieurs de distributed ledger technology (DLT). En 2025, les entreprises, les banques et même les gouvernements utilisent des types différents de DLT selon leurs besoins. Certains veulent une transparence totale. D’autres veulent garder tout secret. Et certains veulent les deux en même temps. Voici comment ça marche vraiment.
Qu’est-ce qu’un registre distribué ?
Imaginons une feuille de calcul partagée, mais pas sur Google Sheets. C’est une copie identique de cette feuille, stockée sur des centaines, voire des milliers d’ordinateurs à travers le monde. Chaque fois qu’une nouvelle donnée est ajoutée, tous les ordinateurs la vérifient ensemble. Pas besoin d’un chef, pas de banque centrale, pas d’administrateur unique. C’est ça, un registre distribué. Il n’y a pas de point unique de défaillance. Si un ordinateur tombe en panne, les autres continuent. C’est pour ça que cette technologie est si robuste.
La blockchain est la forme la plus connue de DLT, mais elle n’est pas la seule. D’autres architectures comme le DAG (Directed Acyclic Graph), Holochain ou Tempo existent aussi. Ce qui change, ce n’est pas seulement la structure des données, mais aussi qui peut y accéder, qui peut valider les transactions, et comment ces validations sont faites. C’est là que les quatre types principaux entrent en jeu.
Les registres publics : tout le monde peut participer
Les registres publics sont ouverts à n’importe qui. Vous n’avez pas besoin d’autorisation. Vous pouvez télécharger le logiciel, rejoindre le réseau, envoyer des transactions, et même participer à la validation. Bitcoin et Ethereum sont les exemples les plus connus. Avec Bitcoin, chaque transaction est enregistrée sur un bloc, et chaque bloc est lié au précédent, formant une chaîne. Ce système est ultra-sécurisé - mais lent.
Bitcoin traite environ 7 transactions par seconde. Ethereum, avant sa transition vers le Proof of Stake, faisait à peine 15. Pour comparer, Visa traite 24 000 transactions par seconde. Et l’énergie consommée ? Bitcoin utilise environ 150 térawattheures par an - autant que le pays entier de la Suède. Pourquoi ? Parce qu’il utilise le Proof of Work : des mineurs résolvent des énigmes mathématiques complexes pour valider les blocs. C’est un prix à payer pour la décentralisation totale.
Le gros avantage ? Rien ne peut être supprimé. Rien ne peut être censuré. Si vous envoyez de l’argent à quelqu’un, personne ne peut l’arrêter. Mais ce n’est pas pratique pour les entreprises. Les frais varient entre 1 et 50 dollars selon la congestion. Et les transactions peuvent prendre des heures à se confirmer.
Les registres privés : contrôle total, vitesse maximale
Les registres privés sont comme une base de données interne, mais avec la sécurité d’un registre distribué. Seules les entités autorisées peuvent y accéder. Une entreprise comme Walmart ou une banque peut l’utiliser pour suivre ses fournisseurs, ses stocks ou ses paiements internes. Hyperledger Fabric et R3 Corda sont deux exemples majeurs.
Contrairement à Bitcoin, ces systèmes n’utilisent pas le Proof of Work. Ils utilisent des mécanismes comme PBFT (Practical Byzantine Fault Tolerance), qui permettent de valider des milliers de transactions par seconde. Hyperledger Fabric peut gérer jusqu’à 10 000 transactions par seconde selon sa configuration. Pas besoin de miner. Pas de gaspillage d’énergie. Les frais sont presque nuls.
Le gros inconvénient ? C’est centralisé par défaut. Une seule organisation contrôle qui peut entrer. Si cette organisation est piratée ou corrompue, le système peut être compromis. Il n’y a pas de véritable décentralisation. Mais pour une entreprise qui veut rester conforme aux lois, garder ses données confidentielles et avoir une vitesse de traitement élevée, c’est idéal.
Les registres de consortium : la juste milieu
Et si vous ne voulez ni tout ouvrir ni tout contrôler ? C’est là que les registres de consortium entrent en jeu. Ce sont des réseaux partagés entre un groupe d’organisations préapprouvées. Pas un seul acteur. Pas tout le monde. Juste un petit cercle fiable. C’est parfait pour les banques qui veulent échanger des fonds entre elles, ou pour des consortiums d’entreprises qui partagent une chaîne d’approvisionnement.
Quorum, développé par JPMorgan, est un exemple clé. Il traite plus de 100 transactions par seconde, avec des fonctionnalités de confidentialité avancées comme les preuves à connaissance nulle (zero-knowledge proofs). Les membres du consortium sont vérifiés à l’avance, donc la validation est rapide. Pas besoin de miner. Pas de frais exorbitants. Et puisque plusieurs parties sont impliquées, il n’y a pas de point de défaillance unique.
Ces systèmes offrent un bon équilibre entre transparence et confidentialité. Les transactions sont visibles pour les membres du consortium, mais pas pour le grand public. C’est pourquoi ils sont de plus en plus utilisés dans les secteurs de la finance, de l’énergie et de la logistique. L’Energy Web Foundation, par exemple, utilise un registre de consortium pour suivre la production d’énergie renouvelable entre producteurs.
Les registres hybrides : le meilleur des deux mondes
Et si vous voulez que certaines données soient publiques, et d’autres privées ? C’est là que les registres hybrides brillent. Dragonchain est un exemple typique. Vous pouvez choisir quels éléments de votre registre sont accessibles au public - par exemple, la preuve qu’un médicament a été livré - et garder les détails sensibles, comme les prix ou les clients, dans un espace privé.
Cette flexibilité est précieuse dans la santé. Un hôpital peut prouver publiquement qu’un patient a reçu un vaccin, sans révéler son diagnostic. Dans la gestion des archives gouvernementales, une ville peut publier la date d’un contrat public, tout en gardant les offres financières confidentielles.
Les registres hybrides utilisent souvent des ponts entre les blockchains publiques et privées. Cela permet de tirer parti de la sécurité de la blockchain publique (qui est vérifiée par des milliers de nœuds) tout en gardant les données critiques hors de vue. Ce modèle est en pleine croissance, surtout dans les secteurs réglementés où la transparence est exigée, mais la vie privée est légale.
Comment choisir le bon type de DLT ?
Il n’y a pas de « meilleur » type de DLT. C’est comme choisir entre une voiture de course, un camion de livraison et un vélo électrique. Tout dépend de votre objectif.
- Si vous voulez la plus grande résistance à la censure - comme pour une cryptomonnaie - choisissez un registre public.
- Si vous êtes une entreprise qui veut vitesse, confidentialité et conformité - optez pour un registre privé.
- Si vous travaillez avec d’autres organisations et que vous voulez une gouvernance partagée - un registre de consortium est votre meilleure option.
- Si vous avez besoin de contrôler la transparence au niveau des données - un registre hybride vous donne la flexibilité nécessaire.
Les coûts varient aussi. Un registre public peut vous coûter des dizaines de dollars par transaction en période de congestion. Un registre privé ? Moins de 1 cent. Et l’énergie ? Un registre public comme Bitcoin consomme des milliers de fois plus qu’un registre privé.
Les chiffres qui parlent
En 2025, le marché mondial de la DLT dépasse les 60 milliards de dollars. Les banques en sont les plus gros utilisateurs - 30 % des projets sont dans la finance. La chaîne d’approvisionnement suit avec 18 %, et la santé avec 12 %. L’Amérique du Nord mène la danse avec 35 % des projets, suivie par l’Europe (28 %) et l’Asie-Pacifique (25 %).
Plus de 53 % des entreprises considèrent la DLT comme une priorité stratégique. 23 % l’ont déjà déployée en production. Et les banques centrales ? Plus de 80 pays explorent les monnaies numériques de banque centrale (CBDC), utilisant souvent des registres de consortium ou hybrides.
La transition d’Ethereum vers le Proof of Stake en 2022 a réduit sa consommation d’énergie de 99,95 %. C’était un tournant. Les technologies comme le sharding, les solutions de couche 2 et les protocoles d’interopérabilité (comme Polkadot) sont maintenant en cours de déploiement pour résoudre les problèmes de scalabilité.
Les pièges à éviter
La DLT n’est pas une solution magique. Beaucoup d’entreprises l’ont adoptée pour suivre la mode - et ont échoué.
Le plus grand piège ? Confondre « décentralisé » avec « mieux ». Un registre privé peut être plus efficace, plus rapide, et plus sûr pour un usage interne. Pas besoin de forcer la décentralisation si vous n’en avez pas besoin.
Autre erreur courante : sous-estimer la complexité technique. Déployer une blockchain ou un registre de consortium demande des développeurs expérimentés, une bonne architecture de sécurité, et une stratégie de mise à jour. Les erreurs de smart contract ont déjà coûté des centaines de millions de dollars - comme le hack du DAO en 2016, qui a fait perdre 60 millions de dollars.
Et puis il y a la réglementation. Les lois varient d’un pays à l’autre. Ce qui est légal aux États-Unis peut être interdit en Europe. Sans compréhension claire du cadre légal, vous risquez des amendes ou des fermetures.
Quelle est la différence entre blockchain et DLT ?
La blockchain est une forme de DLT, mais pas la seule. La DLT est le terme général pour tout registre distribué. La blockchain stocke les données en blocs chaînés. D’autres formes de DLT, comme le DAG, utilisent des structures différentes - sans blocs. Donc, toute blockchain est une DLT, mais toute DLT n’est pas une blockchain.
Les registres privés sont-ils vraiment sécurisés ?
Oui, mais différemment. Les registres privés ne reposent pas sur la décentralisation pour la sécurité, mais sur l’authentification stricte, la cryptographie et des mécanismes de consensus comme PBFT. Ils sont souvent plus sécurisés contre les attaques externes que les registres publics, car ils n’ont pas de portes ouvertes. Mais ils sont vulnérables si l’organisation qui les contrôle est corrompue ou piratée.
Pourquoi les banques utilisent-elles des registres de consortium ?
Parce qu’elles doivent collaborer entre elles, tout en gardant leurs données confidentielles. Un registre de consortium permet à plusieurs banques de valider des transactions ensemble, sans révéler les détails sensibles à des tiers. C’est plus rapide, plus sûr et plus conforme aux réglementations que d’utiliser des systèmes centraux traditionnels.
La DLT peut-elle remplacer les bases de données classiques ?
Pas toujours. Si vous avez besoin d’une base de données rapide pour gérer des utilisateurs, des produits ou des commandes, une base de données traditionnelle est plus simple, plus rapide et moins chère. La DLT est utile quand vous avez besoin de confiance sans autorité centrale - par exemple, entre plusieurs parties qui ne se font pas confiance. Sinon, ce n’est qu’une surcharge technique.
Quel type de DLT est le plus écologique ?
Les registres privés et de consortium utilisant des mécanismes comme PBFT ou Proof of Stake sont les plus écologiques. Ils consomment moins d’énergie qu’un seul ordinateur personnel. En comparaison, Bitcoin consomme autant qu’un pays entier. La transition d’Ethereum vers le Proof of Stake a réduit sa consommation de 99,95 % - une preuve que la technologie peut être durable.
Que faire maintenant ?
Si vous êtes une entreprise, commencez par définir votre besoin : voulez-vous transparence, confidentialité, vitesse, ou collaboration ? Ne commencez pas par la technologie. Commencez par le problème. Un registre public n’a pas de sens pour un service interne. Un registre privé n’a pas de sens si vous voulez que le public puisse vérifier vos données.
Testez avec un petit projet. Essayez Hyperledger Fabric pour un processus interne. Ou utilisez un registre de consortium pour collaborer avec un partenaire. Évitez les projets trop ambitieux au départ. La DLT n’est pas une mode. C’est un outil. Et comme tout outil, il faut le choisir avec soin.
Philippe AURIENTIS
novembre 30, 2025 AT 06:24Je viens de tester Hyperledger Fabric pour un projet interne et franchement, c’est un jeu d’enfant comparé à ce que j’ai vu avec Ethereum. Zéro frais, zéro attente, et on peut contrôler qui voit quoi. Les gars qui veulent tout décentraliser, oubliez : si vous gérez des contrats avec vos fournisseurs, vous n’avez pas besoin d’une blockchain publique, juste d’une base de données bien faite avec un peu de crypto.
La DLT, c’est pas une religion, c’est un outil. Et un marteau, on l’utilise pas pour visser une vis.
Aurelien Amsellem
novembre 30, 2025 AT 23:29Vous avez dit « registre privé » ? Ben voyons. C’est juste une base de données avec un joli nom. La « sécurité » ? C’est quand le patron dit « je fais confiance à mon IT ». Et si le gars qui gère ça démissionne ou se fait virer ? Tout s’effondre. La vraie sécurité, c’est quand personne ne peut tout contrôler. Sinon, c’est du marketing pour les patrons qui veulent dire « blockchain » sans comprendre ce que ça veut dire.
Jeremy Horn
décembre 2, 2025 AT 20:25Je trouve ça fascinant comment on a transformé une idée simple - un registre partagé sans autorité centrale - en un truc hyper complexe avec des acronymes à n’en plus finir. PBFT, DAG, ZKP, sharding… C’est comme si on avait inventé un nouveau langage pour dire « on peut faire ça plus vite ». Mais au fond, c’est toujours la même chose : faire confiance à un système plutôt qu’à une personne.
Le vrai progrès, c’est pas la technologie, c’est de comprendre que la confiance peut être programmée. Et ça, ça change tout. Même si la plupart des entreprises l’utilisent juste pour faire joli dans leur rapport annuel.
Laurent Rouse
décembre 3, 2025 AT 05:36Et bien sûr, les banques veulent des registres de consortium. Parce que c’est leur petit jeu. Elles veulent garder le contrôle, mais dire qu’elles sont « innovantes ». En vrai, elles veulent juste éviter que les fintech leur piquent leur business. Et les gouvernements ? Ils veulent des CBDC pour surveiller chaque euro que vous dépensez. La « transparence » ? C’est du contrôle en costume-cravate. Vous croyez que Bitcoin est dangereux ? Attendez qu’ils mettent un tracking GPS sur votre compte bancaire numérique.
On est en train de construire la prison du XXIe siècle… et on l’appelle « progrès ».
Sophie Spillone
décembre 4, 2025 AT 20:07Registre hybride ? Oh mon dieu. On va faire une blockchain publique pour prouver qu’un médicament a été livré… mais garder secret qui l’a reçu, combien il a coûté, et pourquoi le patient a eu besoin de ce médicament. C’est pas de la transparence, c’est de la manipulation. Vous voulez que je croie que vous êtes honnête… mais vous cachez tout ce qui compte.
Je préfère encore Bitcoin. Au moins, là, tout est laid, clair, et on sait qu’on est piégé.
Denis Groffe
décembre 6, 2025 AT 16:49Vous parlez de consommation d’énergie comme si c’était un détail. Bitcoin consomme autant que la Suède ? Et alors ? Qui a dit que la technologie devait être économe ? La nature ne l’est pas. La vie n’est pas économe. La croissance n’est pas économe. Le fait que vous trouviez ça mal est juste une preuve que vous êtes conditionné par un système qui vous fait croire que la sobriété est une vertu. La vraie puissance, c’est le gaspillage. Le vrai pouvoir, c’est de consommer sans limite. Et Bitcoin c’est ça. Il brûle de l’énergie pour prouver que la valeur existe. Les autres systèmes ? Des jeux de société pour adultes qui n’ont jamais osé réellement risquer quelque chose.
Nicole Flores
décembre 8, 2025 AT 04:36La DLT c’est du buzzword. Toute cette histoire de registre distribué, c’est juste une base de données que les gens veulent vendre à des patrons qui n’y comprennent rien. Et vous, vous tombez dans le panneau. « Oh regardez, on a un registre hybride ! » Non, vous avez un Excel avec un mot de passe et un peu de crypto. Arrêtez de vous prendre pour des génies. La seule chose qui a changé, c’est que maintenant on parle de « blocs » au lieu de « fichiers ».