Comment la taille des blocs affecte les performances de la blockchain
Mary Rhoton 29 mars 2025 0

Calculateur de performances de la blockchain

La taille des blocs n’est pas juste un paramètre technique caché dans les coulisses d’une blockchain. C’est l’un des facteurs les plus décisifs pour savoir si une blockchain peut fonctionner comme une voiture de course ou comme un vieux tracteur. Si vous avez déjà attendu des heures pour qu’une transaction Bitcoin soit confirmée, ou si vous avez vu vos frais exploser pendant une vague d’activité, vous avez vécu les conséquences directes d’une taille de bloc trop petite. Et si vous avez utilisé une blockchain où les transactions sont rapides et bon marché, c’est probablement parce que ses concepteurs ont choisi une autre approche.

Qu’est-ce qu’un bloc, et pourquoi sa taille compte

Une blockchain, c’est une chaîne de blocs. Chaque bloc contient un ensemble de transactions. En 2009, Satoshi Nakamoto a fixé la taille maximale d’un bloc Bitcoin à 1 mégaoctet (Mo). C’était une décision technique, mais aussi philosophique : limiter la taille pour que même un ordinateur banal puisse exécuter un nœud complet. Un nœud complet, c’est un ordinateur qui stocke et vérifie l’intégralité de la blockchain. C’est la base de la décentralisation.

À 1 Mo par bloc, et un bloc toutes les 10 minutes, Bitcoin peut traiter environ 3 à 7 transactions par seconde. Pour comparer, Visa traite jusqu’à 24 000 transactions par seconde. Ce n’est pas un défaut de conception - c’est une décision. Mais quand des millions de gens veulent envoyer des bitcoins en même temps, la file d’attente s’allonge. Les frais augmentent. Les utilisateurs paniquent. Et c’est là que la taille du bloc devient critique.

Plus grand = plus rapide ? Pas toujours

La logique semble simple : si un bloc de 1 Mo peut contenir 7 transactions par seconde, un bloc de 32 Mo peut en contenir 224. C’est exactement ce que Bitcoin Cash a fait en 2017 : il a augmenté la taille du bloc à 32 Mo. Résultat ? Il peut traiter jusqu’à 200 transactions par seconde. Les frais sont restés bas. Les confirmations sont rapides.

Mais il y a un piège. Chaque fois que vous augmentez la taille du bloc, vous demandez plus de puissance, plus de stockage et plus de bande passante à chaque nœud du réseau. Un nœud complet sur Bitcoin nécessite environ 500 Go de disque dur en 2025. Sur Bitcoin Cash, c’est plus de 1 To. Pour un particulier ou un petit opérateur, ça devient difficile, voire impossible. Et si seulement 10 % des nœuds peuvent fonctionner, la décentralisation s’effrite. La blockchain devient plus centralisée, plus vulnérable.

Les blockchains comme Bitcoin SV ont poussé cette logique à l’extrême : elles ont supprimé toute limite de taille. Leur objectif ? Devenir une plateforme de paiement mondiale. Mais en pratique, elles ont créé des réseaux où seuls les grands acteurs peuvent participer. Les petits nœuds ont disparu. La sécurité s’est affaiblie.

Un bloc élastique avec des compteurs de gaz qui montent et descendent, entouré de météores de rollup.

Comment les autres blockchains font différemment

Ethereum n’a pas choisi d’augmenter la taille des blocs. Il a opté pour un système de gaz. Chaque transaction coûte un certain nombre d’unités de gaz. Le bloc ne contient pas un volume fixe de données, mais un volume maximum de gaz - actuellement autour de 15 millions. Cela permet une flexibilité : certaines transactions sont légères, d’autres lourdes. Mais ça complique la prévision. Si tout le monde envoie des contrats intelligents complexes, le gaz monte en flèche, et les utilisateurs paient plus.

Des réseaux comme Solana, Polygon ou SKALE ont pris une autre voie : ils ont repensé l’architecture entière. SKALE, par exemple, a atteint 397,7 transactions par seconde avec une finalité en 1,46 seconde - bien mieux que Bitcoin, Ethereum ou même Solana dans certains tests. Comment ? En utilisant des chaînes secondaires interconnectées. Plutôt que de faire tout sur une seule chaîne, ils répartissent la charge sur 19 chaînes parallèles. Résultat : 7 556,3 transactions par seconde au total. C’est comme passer d’un seul pont à un réseau autoroutier.

Les compromis invisibles : décentralisation vs vitesse

Il n’y a pas de solution parfaite. Augmenter la taille des blocs améliore la vitesse et réduit les frais - mais au prix de la décentralisation. Réduire la taille protège la décentralisation - mais rend le réseau inutilisable en période de forte demande.

Ce n’est pas une question de technologie seule. C’est une question de valeurs. Voulez-vous une blockchain ouverte à tous, même avec des délais lents ? Ou une blockchain rapide, mais où seuls les riches et les grands acteurs peuvent participer ?

Les experts en blockchain vous diront que la vraie clé n’est pas de choisir entre l’un ou l’autre. C’est de combiner les approches. Les solutions de deuxième couche, comme le Lightning Network pour Bitcoin ou les rollups pour Ethereum, permettent de traiter des milliers de transactions hors chaîne, puis de les regrouper en une seule transaction sur la blockchain principale. Cela réduit la pression sur la taille des blocs tout en gardant la sécurité.

Une ville blockchain avec 19 routes parallèles et un bouclier de décentralisation brillant.

Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Si vous êtes un particulier qui envoie des petits paiements : une blockchain avec un grand bloc ou une solution de deuxième couche est indispensable. Vous ne voulez pas payer 5 $ pour envoyer 10 $.

Si vous êtes un développeur qui construit une application : choisissez une blockchain qui a déjà résolu le problème de la scalabilité. Ne vous fiez pas à la popularité. Regardez les données réelles : combien de transactions par seconde ? Quel est le coût moyen d’une transaction ? Quelle est la vitesse de finalité ?

Si vous êtes un investisseur : comprenez que les blockchains qui augmentent la taille des blocs sans solution de rechange sont à risque. Elles peuvent sembler rapides aujourd’hui, mais elles s’effondrent quand la décentralisation disparaît. Les blockchains qui combinent architecture intelligente, solutions de deuxième couche et taille de bloc modérée sont celles qui dureront.

Le futur : pas juste plus grand, mais plus intelligent

Le futur de la blockchain ne se joue pas dans la taille des blocs. Il se joue dans la manière dont les réseaux s’organisent. Le sharding (fractionnement de la chaîne), les chaînes latérales, les protocoles d’interopérabilité, les architectures de réseau en maillage - tout cela permet d’augmenter la capacité sans sacrifier la décentralisation.

Bitcoin ne changera probablement jamais sa taille de bloc. Ce n’est pas un échec. C’est une philosophie. Ethereum n’augmente pas non plus sa taille de bloc - il optimise son gaz et utilise des rollups. Bitcoin Cash et Bitcoin SV ont choisi la vitesse, mais au prix de la sécurité à long terme.

La bonne nouvelle ? Vous n’avez pas à choisir entre une blockchain lente et une blockchain centralisée. Il existe des alternatives. Il suffit de savoir ce que vous cherchez : une sécurité maximale ? Une vitesse maximale ? Un coût minimal ? Et de choisir la blockchain qui correspond à vos besoins, pas à la mode du moment.

Quelle est la taille de bloc idéale pour une blockchain ?

Il n’y a pas de taille idéale universelle. Cela dépend de l’objectif. Pour une blockchain décentralisée et sécurisée, une taille modérée (1 à 8 Mo) avec des solutions de deuxième couche est souvent la meilleure combinaison. Pour des applications à haut débit comme les jeux ou les paiements micro, des blocs plus grands (32 Mo ou plus) peuvent être utiles, mais ils exigent des infrastructures plus puissantes et réduisent la participation des petits nœuds.

Pourquoi Bitcoin n’augmente-t-il pas sa taille de bloc ?

Bitcoin maintient sa taille de bloc à 1 Mo (ou 4 Mo avec SegWit) pour préserver la décentralisation. Les développeurs croient qu’un grand nombre de nœuds indépendants, même sur des machines modestes, est plus important que la vitesse. Ils privilégient les solutions de deuxième couche, comme le Lightning Network, pour traiter les transactions à grande échelle sans modifier la couche de base.

Les grandes tailles de bloc rendent-elles la blockchain moins sécurisée ?

Oui, indirectement. Des blocs plus grands exigent plus de puissance pour être validés. Cela écarte les petits mineurs ou stakers, ce qui réduit le nombre de participants au réseau. Moins de participants = plus de risque de collusion ou d’attaque. La sécurité d’une blockchain vient de sa diversité. Si seuls 5 acteurs peuvent valider les blocs, la blockchain devient vulnérable.

Ethereum utilise-t-il une taille de bloc fixe ?

Non. Ethereum utilise un système de gaz maximum par bloc - environ 15 millions d’unités de gaz. Ce n’est pas une taille en octets, mais une limite de calcul. Une transaction simple utilise 21 000 gaz. Un contrat complexe peut en utiliser des millions. Cela permet plus de flexibilité, mais aussi plus de volatilité des frais.

Les solutions de deuxième couche remplacent-elles les blocs plus grands ?

Elles les complètent. Les solutions comme les rollups ou le Lightning Network permettent de traiter des milliers de transactions hors chaîne, puis de les regrouper sur la blockchain principale. Cela réduit la pression sur la taille des blocs tout en gardant la sécurité de la couche de base. Ce n’est pas une alternative, mais une stratégie complémentaire. Les blockchains les plus performantes aujourd’hui utilisent les deux approches.