Interdiction totale des cryptomonnaies par la Banque centrale du Koweït
Mary Rhoton 20 août 2025 0

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Le Koweït a pris une décision rare dans le monde arabe : il a interdit complètement toutes les activités liées aux cryptomonnaies. Ce n’est pas une simple mise en garde. Ce n’est pas un encadrement strict. C’est une interdiction totale, appliquée par plusieurs ministères en même temps, avec des sanctions pénales pour les contrevenants. Depuis juillet 2023, il est illégal de miner, d’acheter, de vendre, d’échanger ou même d’accepter des cryptomonnaies comme paiement au Koweït.

Une interdiction coordonnée, pas une simple déclaration

Ce n’est pas la Banque centrale du Koweït (CBK) qui a agi seule. Elle a été rejointe par l’Autorité des marchés des capitaux, l’Unité de régulation des assurances, le ministère du Commerce et de l’Industrie, et le ministère des Affaires de la jeunesse. Ensemble, ils ont publié cinq circulaires différentes, toutes convergentes. Chacune ciblait un secteur : les banques, les sociétés de financement, les assureurs, les entreprises commerciales. Résultat ? Aucun acteur financier koweïtien ne peut légalement toucher aux cryptomonnaies. Pas de dépôt. Pas de transfert. Pas de conversion. Pas d’intermédiation.

La Banque centrale a interdit expressément aux banques locales d’accepter les cryptomonnaies comme moyen de paiement dans les transactions en ligne. Même les plateformes de commerce électronique locales ne peuvent pas offrir cette option. Le ministère des Finances ne les reconnaît pas non plus pour les paiements publics ou les contrats administratifs. En clair, les cryptomonnaies n’existent pas dans le système financier officiel du Koweït.

Le mining, une menace pour l’électricité

Le plus surprenant ? Le Koweït était l’un des endroits les moins chers au monde pour miner du Bitcoin. En 2022, il coûtait environ 1 400 dollars pour miner un Bitcoin ici, contre plus de 18 000 dollars au Texas. Pourquoi ? Parce que l’électricité est fortement subventionnée. Les ménages et les entreprises paient presque rien pour consommer de l’énergie.

Cela a attiré des mineurs clandestins. En avril 2025, le ministère de l’Intérieur a révélé avoir identifié plus de 1 000 sites de mining illégaux dans tout le pays. Certains étaient dans des entrepôts, d’autres dans des appartements, certains même dans des bâtiments publics. Ces machines consomment une énorme quantité d’électricité. Selon les données du ministère de l’Électricité, du Gaz et de l’Énergie renouvelable, le seul mining de Bitcoin consomme environ 140 336 gigawattheures par an. C’est plus que ce que consomme tout un pays comme l’Ukraine ou la Malaisie.

Le résultat ? Des coupures de courant, des surcharges sur les réseaux, des risques pour la sécurité publique. Le gouvernement a réagi en invoquant plusieurs lois : la loi sur l’industrie (n° 56 de 1996), le code pénal (n° 16 de 1960), la loi sur la régulation des technologies (CITRA), et la loi municipale. Miner des cryptomonnaies, c’est donc non seulement illégal, c’est un délit pénal.

Une position unique dans la région du Golfe

Dans le Conseil de coopération du Golfe, le Koweït est l’extrémiste. Le Qatar, qui avait aussi interdit les cryptomonnaies, prépare un cadre légal pour les actifs numériques dans sa zone financière, avec une mise en œuvre prévue pour le deuxième trimestre 2025. Les Émirats arabes unis, Bahreïn, l’Arabie saoudite et Oman ont tous lancé des projets de monnaie numérique de banque centrale (CBDC) ou des licences pour des plateformes de crypto.

Le Koweït, lui, ne bouge pas. Il ne veut pas de Bitcoin. Il ne veut pas de Ethereum. Il ne veut même pas de projets pilotes. Il considère que les cryptomonnaies sont incompatibles avec son modèle financier, basé sur la stabilité, la transparence et le contrôle centralisé. Le gouvernement affirme que les cryptos favorisent le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme - un argument qu’il soutient par la mise en œuvre de la recommandation 15 du Groupe d’action financière (GAFI).

Des milliers de mineurs illégaux cachés dans le désert koweïtien, surchargeant le réseau électrique sous un ciel pastel.

Protection des consommateurs et prévention

La Banque centrale du Koweït n’a pas seulement interdit. Elle a aussi prévenu. Elle a demandé au ministère du Commerce de publier des avertissements publics sur les risques des cryptomonnaies. Les gens sont informés : les prix sont volatils, les plateformes sont souvent frauduleuses, les pertes sont irréversibles. Il n’y a pas de protection des consommateurs, pas de recours en cas de piratage, pas de garantie de remboursement.

Les autorités ont aussi insisté sur le fait qu’aucune licence n’a jamais été délivrée pour des services liés aux actifs virtuels - et aucune ne le sera. Cela rend tout effort pour créer une entreprise de crypto au Koweït non seulement risqué, mais illégal.

Et maintenant ? Vers une monnaie numérique d’État ?

Même si les cryptomonnaies privées sont bannies, le Koweït explore peut-être une autre voie : une monnaie numérique de banque centrale (CBDC). Des études de faisabilité sont en cours, mais aucune annonce officielle n’a encore été faite. Ce serait une monnaie contrôlée par l’État, intégrée au système bancaire, sans anonymat, sans volatilité. Cela correspondrait à la philosophie du pays : innovation, mais sous contrôle total.

Le Koweït a aussi récemment adopté la loi sur les Sukuk - des titres de dette conformes à la charia - et autorisé l’émission de 30 milliards de dinars koweïtiens (97 milliards de dollars) en obligations d’État. Ces instruments financiers traditionnels, solides et régulés, sont clairement la priorité du gouvernement. Il veut attirer les investisseurs avec de la stabilité, pas avec la spéculation.

Un fonctionnaire koweïtien célèbre une monnaie numérique d'État tandis que les cryptomonnaies sont jetées à la poubelle.

Les conséquences pour les particuliers

Si vous êtes un Koweïtien et que vous possédez des cryptomonnaies, vous n’êtes pas arrêté pour avoir acheté. Mais si vous les utilisez pour payer, les échanger, ou pire, si vous minez, vous risquez une amende, la saisie de vos équipements, voire une poursuite pénale. Les autorités ont déjà saisi des centaines de mineurs, avec des équipements débranchés et des ordinateurs confisqués.

Les expatriés vivant au Koweït doivent aussi faire attention. Les banques locales refusent désormais toute transaction suspecte. Si vous essayez de transférer des bitcoins vers un compte koweïtien, votre virement sera bloqué. Votre compte peut même être fermé.

Un modèle qui dure

Le Koweït ne semble pas vouloir revenir en arrière. L’interdiction est en place depuis plus de deux ans, et les actions d’application se sont intensifiées. Les arrestations, les saisies, les avertissements publics - tout cela montre que le gouvernement est déterminé. Il ne veut pas jouer avec le feu. Il ne veut pas de dépendance à des actifs hors contrôle. Il préfère l’électricité pour ses citoyens, plutôt que pour des machines qui créent de la richesse pour d’autres.

En 2025, le Koweït reste l’exception la plus stricte du Golfe. Alors que les autres pays essaient de tirer profit de la révolution numérique, lui choisit la sécurité. Il a fait son choix. Et il ne le changera pas de sitôt.

Pourquoi le Koweït interdit-il les cryptomonnaies alors qu’il a de l’électricité bon marché ?

Le Koweït a une électricité très bon marché, ce qui le rendait idéal pour le mining. Mais le gouvernement a choisi de protéger son réseau électrique et son système financier plutôt que de tirer profit de cette opportunité. Il considère que la consommation d’énergie par les mineurs menace la stabilité du réseau et que les cryptomonnaies sont trop risquées pour les citoyens et l’économie.

Est-ce illégal d’acheter des cryptomonnaies en dehors du Koweït ?

Acheter des cryptomonnaies à l’étranger n’est pas explicitement interdit par la loi, mais les autorités ne les reconnaissent pas. Les banques koweïtiennes bloquent tout transfert vers ou depuis des portefeuilles cryptos. Utiliser ces actifs pour payer, échanger ou miner au Koweït est illégal et punissable par la loi.

Les banques koweïtiennes acceptent-elles les paiements en crypto ?

Non. La Banque centrale du Koweït a interdit formellement à toutes les banques, sociétés de financement et entreprises de change d’accepter, d’échanger ou de traiter des cryptomonnaies. Cela inclut les paiements en ligne, les transferts et les services d’intermédiation.

Quelles sont les sanctions pour le mining illégal au Koweït ?

Les mineurs illégaux risquent la confiscation de leurs équipements, des amendes importantes, et même des poursuites pénales. Les autorités appliquent plusieurs lois existantes, notamment celles sur l’industrie, la sécurité publique et la régulation des technologies. Les cas sont transmis à la police et au parquet.

Le Koweït va-t-il lancer sa propre monnaie numérique ?

Des études de faisabilité pour une monnaie numérique de banque centrale (CBDC) sont en cours, mais aucune décision n’a été prise. Le gouvernement privilégie les instruments financiers traditionnels comme les Sukuk et les obligations d’État. Une CBDC serait contrôlée par l’État, contrairement aux cryptomonnaies privées qui sont interdites.