Le minage de crypto-monnaies est-il légal en Iran en 2025 ?
Oui, mais seulement si vous avez une licence officielle. Depuis janvier 2025, la Banque centrale d’Iran (CBI) est la seule autorité habilitée à délivrer des permis de minage. Tout individu, entreprise ou groupe qui veut miner du Bitcoin ou d’autres crypto-monnaies doit obtenir une autorisation de la CBI et utiliser des comptes bancaires désignés pour toutes les transactions en rials. Sans cette licence, vous êtes illégal - même si vous avez les meilleurs équipements du monde.
Comment les autorités ont-elles changé leur approche ?
En 2018, l’Iran a d’abord toléré le minage, car il générait des revenus en devises étrangères. Mais en 2024, les coupures d’électricité ont tout changé. Pendant quatre mois, le gouvernement a interdit totalement le minage. Pourquoi ? Parce que des mineurs illégaux consommaient jusqu’à 2 000 mégawatts d’électricité - l’équivalent de la consommation de deux grandes villes. La société d’État Tavanir, qui gère le réseau électrique, a accusé les mineurs non autorisés de provoquer des pannes massives.
La réponse du gouvernement ? Plutôt que d’interdire complètement, il a créé un système de licences. Maintenant, les mineurs légaux paient des tarifs électriques plus élevés que toute autre industrie lourde. Le prix de l’électricité pour le minage est de 0,004 $ le kWh - toujours très bas par rapport au reste du monde - mais beaucoup plus cher que pour les foyers ou les usines traditionnelles.
Quels équipements sont autorisés ?
Vous ne pouvez pas utiliser n’importe quel ASIC. Le ministère de l’Industrie, des Mines et du Commerce a établi une liste de matériel approuvé. Les mineurs doivent prouver que leurs machines sont conformes, que leur consommation d’énergie est prévisible, et que leurs installations respectent les normes de sécurité. Les équipements anciens ou non certifiés sont interdits. Certains mineurs ont essayé de contourner cette règle en cachant des fermes dans des entrepôts ou des bâtiments industriels, mais les inspections ont augmenté depuis la fin de 2024.
Les mosquées et les institutions religieuses sont-elles des zones franches ?
Non, mais beaucoup les utilisent comme telles. Des enquêtes de l’agence NCR-Iran ont révélé que des fermes de minage opèrent dans des mosquées, des écoles religieuses et des centres communautaires. Ces lieux reçoivent de l’électricité gratuite du gouvernement. En les utilisant, les mineurs évitent les tarifs élevés imposés aux mineurs légaux. Ce n’est pas légal, mais c’est courant - surtout quand les opérateurs sont liés à l’IRGC, la Garde révolutionnaire islamique.
Un exemple frappant : une ferme de 175 mégawatts à Rafsanjan, dans la province de Kerman, est gérée par une joint-venture entre des entreprises liées à l’IRGC et des investisseurs chinois. Elle ne paie pas d’électricité. Elle ne déclare rien. Et elle continue de miner en toute impunité. Cela crée un système à deux vitesses : les petits mineurs paient des taxes et suivent les règles, tandis que les gros acteurs politiques les ignorent.
Le minage en Iran est-il rentable en 2025 ?
Techniquement, oui - grâce aux tarifs d’électricité les plus bas au monde. Mais la réalité est plus compliquée. La rentabilité dépend de trois facteurs : la stabilité du réseau, la réglementation, et la confiance dans les institutions.
En 2021, l’Iran produisait 4,67 % du Bitcoin mondial. En 2025, ce chiffre est tombé à environ 3,1 %. Pourquoi ? Parce que les coupures d’électricité sont devenues plus fréquentes. En été 2024, des mineurs légaux ont été forcés d’arrêter leurs machines pendant des semaines. En janvier 2025, un million d’Iraniens n’ont pas pu acheter de crypto-monnaies pendant 23 jours à cause d’un blocage des paiements entre crypto et rials. Ces instabilités rendent la planification impossible.
De plus, les coûts cachés augmentent. Les mineurs doivent embaucher des juristes spécialisés pour suivre les changements de loi. Certains disent qu’il faut surveiller quotidiennement trois organismes différents : la CBI, le ministère de l’Industrie, et Tavanir. Ce n’est pas une activité pour amateurs.
Qu’en est-il des sanctions internationales ?
Les États-Unis ont imposé des sanctions sévères à l’Iran depuis des années. Beaucoup pensaient que le minage de crypto permettrait au pays de contourner ces sanctions en échangeant des bitcoins contre des devises. Mais ce n’est pas arrivé.
Les analystes de l’AGSI affirment que les crypto-monnaies n’ont pas permis à l’Iran d’échapper aux sanctions. Les transactions sont trop traçables, et les échanges internationaux restent bloqués par les banques occidentales. Même les plateformes P2P comme LocalBitcoins, qui ont vu une hausse de 78 % du volume iranien après décembre 2024, ne permettent pas d’accéder facilement aux marchés mondiaux.
En 2025, les flux entrants de crypto-monnaies en Iran ont chuté de 11 % par rapport à 2024, selon TRM Labs. Ce n’est pas une tendance temporaire - c’est un déclin structurel.
Le gouvernement veut-il vraiment les crypto-monnaies ?
Il semble que non. En août 2022, la Banque centrale a lancé le « Rial numérique », une monnaie digitale contrôlée par l’État. Ce n’est pas une crypto. Ce n’est pas décentralisé. Ce n’est pas miné. C’est une version électronique du rial, avec une offre fixe décidée par la CBI.
Le Rial numérique est en train de remplacer les crypto-monnaies dans les transactions officielles. En février 2025, le gouvernement a interdit toute publicité pour les crypto-monnaies - en ligne ou dans la rue. Les applications de trading locales ont vu leurs évaluations tomber de 4,1 à 2,4 étoiles sur Trustpilot. Les utilisateurs se plaignent de ne plus pouvoir acheter de nourriture, de médicaments ou de carburant avec leurs bitcoins.
Le message est clair : l’Iran veut le pouvoir de contrôler l’argent numérique - pas la liberté qu’offrent les crypto-monnaies.
Que font les mineurs légaux aujourd’hui ?
Beaucoup cherchent refuge dans les zones économiques spéciales, où l’électricité est plus fiable. Mais ces zones sont presque toutes contrôlées par des entreprises liées à l’IRGC. Les petits mineurs n’ont pas accès à ces infrastructures. Ils doivent se contenter de l’électricité du réseau public, qui est coupée sans préavis.
Les entreprises qui ont réussi à obtenir une licence se concentrent sur les contrats à long terme avec des fournisseurs d’énergie. Elles négocient des tarifs fixes, même si cela les oblige à payer plus que la moyenne. Certaines ont même investi dans des générateurs diesel pour survivre aux coupures. Ce n’est pas une solution durable - mais c’est la seule disponible.
Est-ce qu’un étranger peut miner légalement en Iran ?
Techniquement, oui. Le gouvernement invite les investisseurs étrangers à participer au minage. Mais en pratique, c’est presque impossible. Les permis sont réservés aux entreprises enregistrées localement. Les étrangers ne peuvent pas ouvrir de compte bancaire en rials sans un partenaire iranien. Les transferts d’argent sont bloqués par les sanctions. Et les risques politiques sont énormes.
Un investisseur étranger qui vient en Iran avec des ASICs et des fonds risque de voir ses machines saisies, ses comptes gelés, ou son entreprise fermée sans avertissement. En 2025, les autorités n’hésitent plus à faire des perquisitions et à confisquer du matériel. Le mot d’ordre est : « Pas de crypto sans contrôle. »
Que se passera-t-il en 2026 ?
Les experts s’accordent à dire que le minage privé va continuer de reculer. Si l’été 2025 est aussi chaud que 2024, une nouvelle interdiction est probable. La Banque centrale prépare une nouvelle loi qui limitera encore plus la consommation d’électricité pour le minage. Les licences seront plus chères, les audits plus fréquents, et les sanctions plus sévères.
Le Rial numérique deviendra la seule monnaie digitale légale. Les crypto-monnaies comme le Bitcoin seront réduites à des activités de niche, pratiquées en sous-main par quelques centaines de mineurs courageux. L’Iran ne veut pas de décentralisation. Il veut un contrôle total sur l’argent - même si cela signifie sacrifier l’innovation.
Le minage en Iran n’est plus une opportunité. C’est un pari risqué, avec des règles qui changent chaque semaine. Et dans ce jeu, le gouvernement ne perd jamais.