Programme pilote de cryptomonnaies au Vietnam jusqu'en 2027 : ce qu'il faut savoir
Mary Rhoton 8 novembre 2025 14

Compte à rebours jusqu'à la date limite

La date limite de transition vers les plateformes de cryptomonnaies agréées au Vietnam est fixée au 1e septembre 2026. Vous avez encore un délai pour transférer vos actifs vers une plateforme officielle.

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Important : À partir du 1e septembre 2026, toutes les transactions de cryptomonnaies au Vietnam doivent passer par des plateformes agréées par le ministère des Finances. Les plateformes étrangères comme Binance ou Kraken ne pourront plus traiter les transactions vietnamiennes.

Consultez la liste officielle des plateformes agréées qui sera publiée sur le site du ministère des Finances avant la fin de 2026. Ne faites pas confiance aux annonces non officielles sur Internet.

Le Vietnam vient de lancer le premier programme pilote au monde pour encadrer légalement les cryptomonnaies - et il dure jusqu’en 2030. Mais ce n’est pas une libéralisation totale. C’est un contrôle strict, avec des règles claires, des sanctions lourdes, et une obligation : tout échange doit passer par des plateformes agréées. Si vous êtes un investisseur vietnamien, un trader, ou même un simple curieux, vous devez comprendre ce qui change réellement à partir de 2025, et surtout, ce qui vous attend d’ici 2027.

Le Vietnam ne légalise pas les cryptomonnaies - il les encadre

Beaucoup pensent que le Vietnam a « légalisé » les cryptomonnaies. Ce n’est pas vrai. Il les a reconnues comme actifs numériques, mais pas comme monnaie. Vous ne pouvez pas payer votre café avec du Bitcoin. Vous ne pouvez pas envoyer de l’Ethereum à un ami via une banque. La Banque d’État du Vietnam interdit toujours les cryptomonnaies comme moyen de paiement. Ce qui change, c’est que vous pouvez désormais les acheter, les vendre, les détenir - mais uniquement sur des plateformes officielles, licenciées par le ministère des Finances.

C’est une révolution en douceur. Avant 2025, les Vietnamiens tradeaient en clandestin. Des millions de dollars circulaient chaque jour sur des exchanges étrangers comme Binance ou OKX. Aujourd’hui, ces transactions sont légales - mais seulement si elles passent par des acteurs locaux autorisés. Et ces acteurs, ils doivent répondre à des exigences que peu de pays exigent : anti-blanchiment, sécurité informatique, traçabilité totale, et reporting en temps réel.

Les trois catégories d’actifs numériques, expliquées simplement

Le nouveau cadre légal distingue trois types d’actifs :

  • Les actifs virtuels : tout ce qui existe en ligne et sert à échanger ou investir - sauf les actions, les devises numériques de la banque centrale, ou les titres financiers traditionnels.
  • Les cryptomonnaies : un sous-ensemble. Ce sont les actifs qui utilisent la cryptographie pour sécuriser la création, le transfert et le stockage. Bitcoin, Ethereum, Solana - ils entrent ici.
  • Les autres actifs virtuels : tout le reste. Par exemple, les NFTs, les jetons de jeu, ou les tokens de décentralisation qui ne sont pas des cryptomonnaies au sens strict.
Ces distinctions ne sont pas que techniques. Elles déterminent quelles règles s’appliquent. Une plateforme qui vend des NFTs ne doit pas se conformer aux mêmes normes qu’une bourse de cryptomonnaies. Mais toutes doivent être agréées. Et aucune ne peut fonctionner sans autorisation du ministère des Finances.

Les plateformes licenciées : la seule porte d’entrée légale

Voici le point crucial : à partir de six mois après la première licence délivrée, toute transaction de cryptomonnaie en Vietnam doit se faire sur une plateforme agréée. Cela signifie que si vous avez un portefeuille sur MetaMask ou sur un exchange étranger, vous devez transférer vos actifs vers une plateforme locale. Sinon, vous risquez des sanctions administratives - voire criminelles.

Les premières licences seront délivrées d’ici mars 2026. Les entreprises qui veulent opérer doivent prouver qu’elles ont :

  • Un système anti-blanchiment fonctionnel (KYC/AML)
  • Des serveurs hébergés au Vietnam
  • Des protocoles de sécurité certifiés
  • Des rapports mensuels transmis à l’État
  • Un capital minimum garanti
C’est un barrage. Beaucoup de petites startups ne pourront pas passer. Les géants locaux comme VinaCapital ou Momo, déjà bien ancrés dans la fintech, sont les mieux placés. Les échanges étrangers comme Binance ou Kraken ne peuvent plus servir les Vietnamiens directement. Ils doivent créer une entité locale, avec des bureaux, des employés, et un responsable local légalement responsable.

Trois types d'actifs numériques illustrés comme des objets colorés avec des citoyens vietnamiens les observant.

Les traders vietnamiens : entre espoir et peur

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 600 millions de dollars en transactions journalières, selon les données de VIR. C’est énorme pour un pays où les banques traditionnelles ont longtemps ignoré les cryptos. Maintenant, les traders sont dans un état d’attente tendue.

Sur Reddit Vietnam et les forums locaux, les commentaires sont partagés. D’un côté, les gens sont heureux d’avoir enfin un cadre clair. Plus de « zone grise ». Plus de peur d’être sanctionné pour avoir acheté du Bitcoin. De l’autre, beaucoup craignent que le gouvernement ne devienne trop puissant. « Si je dois tout déclarer, et que l’État peut voir tous mes mouvements, où est ma liberté ? » demande un utilisateur sur Facebook.

Les experts comme le Dr. Tran Quy, président de l’Institut vietnamien pour l’économie numérique, voient ça comme un « couloir contrôlé » pour l’innovation. « Au lieu de laisser les cryptomonnaies fuir vers l’étranger, on les ramène chez nous, sous surveillance », explique-t-il. Mais il admet : « La loi est claire. Les détails, pas encore. »

Les lacunes : ce que la loi ne dit pas encore

La loi de juin 2025 est un cadre. Mais elle laisse beaucoup de questions en suspens. Et ces lacunes peuvent coûter cher à ceux qui agissent trop vite.

  • Les impôts : personne ne sait encore comment les gains en cryptomonnaie seront imposés. Pour l’instant, on les traite comme des titres financiers - mais ce n’est qu’une mesure provisoire.
  • Le minage : est-il autorisé ? Interdit ? Taxé ? Aucune réponse. Les mineurs opèrent encore dans l’ombre, avec des machines branchées sur des réseaux électriques non déclarés.
  • Les sanctions : quelles sont les peines pour non-conformité ? 10 millions de dong ? 100 millions ? Une amende ? Une prison ? Rien n’est encore défini.
  • Les NFTs et les jeux : les actifs non fongibles sont-ils des cryptomonnaies ? Peuvent-ils être échangés librement ? Qui les régule ?
Ces incertitudes rendent la transition difficile. Les entreprises hésitent à investir. Les traders attendent. Les banques ne bougent pas. Et le ministère des Finances n’a pas encore publié de guide officiel en anglais - ce qui complique encore plus la vie des expatriés ou des entreprises étrangères.

Un bureau fintech vietnamien sous surveillance, avec des flux de transactions et un mineur caché dans l'ombre.

Comment survivre dans ce nouveau système (2025-2027)

Si vous êtes un Vietnamiens ou un résident qui trade des cryptos, voici ce que vous devez faire d’ici 2027 :

  1. Identifiez les plateformes agréées : dès que le ministère publie la liste des licences (prévu pour mars 2026), vérifiez que la plateforme que vous utilisez est sur la liste.
  2. Transférez vos actifs : si vous avez des cryptos sur Binance ou Kraken, commencez à les transférer vers une plateforme locale avant la date limite. Ne les laissez pas sur des exchanges étrangers après la fin du délai de transition.
  3. Conservez tous les justificatifs : transactions, dates, montants, identifiants. L’État demandera des preuves. Si vous ne les avez pas, vous êtes vulnérable.
  4. Ne miniez pas sans autorisation : le minage est encore dans une zone grise. Attendre que le gouvernement clarifie sa position. Sinon, vous risquez une fermeture de votre connexion internet ou une amende.
  5. Évitez les « solutions » locales non officielles : certains proposent des « services de conversion » en cash. Ce sont des arnaques. Ils ne sont pas agréés. Et vous serez le seul responsable si vous êtes piraté ou escroqué.
Le gouvernement ne veut pas de la révolution. Il veut de la maîtrise. Et il a mis en place les outils pour y arriver.

Le Vietnam, leader régional - mais à quel prix ?

Le Vietnam se positionne comme le leader de l’Asie du Sud-Est en matière de régulation des cryptomonnaies. Singapour et la Thaïlande ont aussi des cadres, mais aucun n’a créé un programme pilote aussi complet, aussi contrôlé, aussi ambitieux.

Mais ce modèle a un coût. La liberté financière est limitée. L’innovation est canalisée. Les petites entreprises ont peu de chances. Les utilisateurs doivent se plier à un système qui, pour l’instant, semble plus conçu pour surveiller que pour encourager.

Ce qui est sûr, c’est que d’ici 2027, le marché vietnamien des cryptomonnaies sera totalement transformé. Les traders indépendants auront disparu. Les grandes plateformes locales auront pris le contrôle. Et l’État aura sa propre empreinte numérique sur chaque transaction.

Le Vietnam ne veut pas être la Chine. Il ne veut pas être les États-Unis. Il veut être le Vietnam : strict, contrôlé, mais ouvert - à condition que tout passe par lui.

Le Vietnam a-t-il légalisé les cryptomonnaies comme monnaie ?

Non. Les cryptomonnaies ne sont pas reconnues comme moyen de paiement au Vietnam. Vous ne pouvez pas les utiliser pour payer des biens ou services. La Banque d’État du Vietnam interdit toujours cette pratique. Ce que le nouveau programme autorise, c’est la détention, le trading et l’investissement - mais uniquement sur des plateformes licenciées par le ministère des Finances.

Puis-je encore utiliser Binance ou Kraken après 2026 ?

Non, pas pour des transactions avec des résidents vietnamiens. À partir de six mois après la première licence délivrée (prévu pour mi-2026), toutes les transactions doivent se faire sur des plateformes locales agréées. Les exchanges étrangers comme Binance ou Kraken ne peuvent plus traiter directement les ordres de traders vietnamiens. Si vous utilisez ces plateformes après cette date, vous serez en non-conformité avec la loi.

Le minage de cryptomonnaies est-il autorisé au Vietnam ?

La loi ne le dit pas encore. Le minage est dans une zone grise. Aucune règle officielle n’a été publiée sur sa légalité, sa taxation ou ses conditions techniques. Les mineurs opèrent actuellement dans l’ombre, mais ils risquent des sanctions dès que le ministère des Finances publiera ses directives, attendues avant la fin de 2026. Il est fortement déconseillé d’investir dans du minage tant que la position officielle n’est pas clarifiée.

Quelles sont les sanctions pour non-conformité ?

Les sanctions ne sont pas encore précisées dans la loi, mais elles peuvent aller jusqu’à des amendes administratives ou une enquête pénale selon la gravité de l’infraction. Cela inclut l’utilisation de plateformes non agréées, la non-déclaration de transactions, ou le minage non autorisé. Le gouvernement a indiqué qu’il appliquera les sanctions de manière stricte, surtout pour les acteurs professionnels.

Comment savoir si une plateforme est légalement agréée ?

Le ministère des Finances publiera une liste officielle des plateformes licenciées avant la fin de 2026. Cette liste sera disponible sur le site du ministère en vietnamien. Il n’y a pas encore de version anglaise. Ne faites confiance qu’à cette liste. Ne vous fiez pas aux annonces sur les réseaux sociaux, aux sites web ou aux recommandations de particuliers. Seule l’officialité compte.

14 Commentaires

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    Arnaud Gawinowski

    novembre 8, 2025 AT 07:54

    C’est du contrôle total. Le Vietnam vient de créer la prison dorée des cryptos. Plus de liberté, plus de vraie innovation, juste des plateformes d’État avec des comptes bancaires en plus.

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    Nathalie Verhaeghe

    novembre 8, 2025 AT 22:16

    Je trouve ça fascinant. Le Vietnam adopte une approche très mature : pas de légalisation aveugle, mais un encadrement rigoureux qui protège les citoyens tout en permettant l’innovation. Les exigences en matière de KYC/AML et d’hébergement local sont exemplaires. C’est un modèle que l’UE devrait étudier.

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    Andre Swanepoel

    novembre 9, 2025 AT 00:55

    Je vois des gens paniquer sur les forums, mais en vrai, c’est juste une transition logique. Avant, tout se faisait dans l’ombre, avec des risques énormes. Maintenant, au moins, tu sais à qui tu as affaire. Les plateformes locales vont devenir plus fiables, plus transparentes. C’est pas parfait, mais c’est un pas en avant.

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    Mehdi Alba

    novembre 10, 2025 AT 09:14

    Vous croyez vraiment que c’est pour protéger les gens ? 😏 L’État veut tout voir. Toutes tes transactions. Tous tes mouvements. Bientôt, ils vont te demander pourquoi tu as acheté du Bitcoin un mardi soir. C’est pas de la régulation, c’est du Big Brother en version crypto. Et attendez qu’ils mettent un algorithme pour prédire tes achats…

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    Djamila Mati

    novembre 10, 2025 AT 17:47

    Le Vietnam montre qu’on peut être moderne sans sacrifier la souveraineté. En France, on parle de régulation depuis dix ans, et on en est encore à débattre si les NFT sont des biens ou des jeux. Ici, ils agissent. Avec calme. Avec précision. C’est une leçon pour l’Europe.

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    Vianney Ramos Maldonado

    novembre 11, 2025 AT 13:06

    Il est regrettable que l’État, sous couvert de protection, instaure un système de traçabilité totale qui contredit les principes fondamentaux de la liberté financière. L’absence de définition claire des sanctions, couplée à un contrôle centralisé, constitue un précédent dangereux pour les économies numériques émergentes.

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    Laurent Rouse

    novembre 11, 2025 AT 18:13

    Encore une fois, les Asiatiques nous montrent comment faire les choses… en nous réduisant à des sujets surveillés. Pendant que nous, en Europe, on se plaint de la bureaucratie, eux, ils construisent des prisons numériques avec des codes QR. Et on les applaudit ?

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    Philippe AURIENTIS

    novembre 12, 2025 AT 06:10

    Je suis d’accord avec Nathalie. Ce modèle est intelligent. Le Vietnam ne veut pas interdire, il veut encadrer. Et franchement, après les milliards volés sur les exchanges étrangers, c’est une bonne chose que les gens soient protégés. Les plateformes locales vont devenir plus solides, et ça, c’est bon pour tout le monde.

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    Denis Groffe

    novembre 13, 2025 AT 17:44

    Le minage est interdit mais personne ne le dit clairement… les NFTs sont des actifs virtuels mais pas des cryptos… les impôts sont flous… c’est un système fait pour créer de la confusion et faire peur. Les gens vont se mettre à acheter en cash, en BTC, en dehors du système… et l’État va dire qu’il a tout contrôlé… mais il n’a rien contrôlé du tout…

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    Jeremy Horn

    novembre 15, 2025 AT 00:56

    Regardez ce que fait le Vietnam : ils prennent un phénomène mondial - les cryptos - et ils l’insèrent dans leur propre cadre culturel et économique. Pas de copier-coller de Singapour ou de la Suisse. Ils créent leur propre version : strict, mais ouvert. C’est ça, la puissance d’une nation qui sait ce qu’elle veut. Les jeunes Vietnamiens vont devenir les meilleurs traders du monde… sous surveillance, mais avec des règles claires. Et ça, c’est rare.

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    jerome houix

    novembre 16, 2025 AT 21:23

    Je pense que c’est une bonne chose. J’ai perdu de l’argent sur un exchange étranger l’année dernière. Sans recours. Maintenant, au moins, il y a un intermédiaire local qui peut être tenu responsable. C’est un peu plus lent, mais c’est plus sûr.

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    Aurelien Amsellem

    novembre 17, 2025 AT 17:11

    Vous croyez que les plateformes locales vont être plus sûres ? Attendez qu’un des gars de VinaCapital se fasse pirater et que tout le monde perde ses bitcoins. Puis on verra qui va payer. L’État ne va pas rembourser. Il va juste dire que vous avez accepté les termes. Et vous, vous allez pleurer.

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    Lass Diaby

    novembre 18, 2025 AT 11:18

    Le Vietnam fait bien. Moi je viens du Mali, ici on parle de crypto mais personne ne sait quoi faire. Ce modele de controle avec plateforme locale, ca peut marcher aussi ici. Mais il faut que les gens apprennent avant. Pas juste des lois. Des cours. Des ateliers. Sinon ca va etre une autre forme d’exclusion.

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    Patrick Hochstenbach

    novembre 19, 2025 AT 18:44

    Je trouve ça intéressant, mais j’ai un doute : si les serveurs doivent être au Vietnam, comment les utilisateurs étrangers (expats, touristes) peuvent-ils accéder à ces plateformes ? Et si un utilisateur utilise un VPN pour accéder à Binance… est-ce que c’est illégal ? La loi ne le précise pas…

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