Comment les Boliviens accèdent aux échanges de crypto-monnaies après la levée de l'interdiction
Mary Rhoton 26 décembre 2024 11

Convertisseur de stablecoins pour Bolivie

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Étiquette :1 USDT = 7.5 BOB

Source : Taux de conversion hypothétique basé sur la situation actuelle en Bolivie (2025)

Il y a encore un an, dire que les Boliviens utilisaient des crypto-monnaies était presque un mythe. Le pays avait interdit toute activité liée aux cryptomonnaies depuis 2014. Les banques ne pouvaient pas traiter les transactions en Bitcoin ou Ethereum. Les citoyens qui voulaient acheter du crypto devaient recourir à des méthodes risquées, souvent en passant par des intermédiaires ou des plateformes étrangères. Mais tout a changé en juin 2024.

La fin de l'interdiction : un retournement inattendu

Le 26 juin 2024, la Banque centrale de Bolivie (BCB) a publié la Résolution N° 82/2024, qui a officiellement levé l’interdiction de 10 ans sur les crypto-monnaies. Ce n’était pas une simple tolérance : c’était une révolution. La raison ? Une crise monétaire profonde. Le dollar américain, que beaucoup de Boliviens utilisaient comme monnaie de référence, devenait de plus en plus difficile à obtenir. Les prix des biens essentiels flambaient, et les systèmes financiers traditionnels ne répondaient plus aux besoins de la population.

La Banque centrale a compris que les cryptomonnaies, en particulier les stablecoins pegés au dollar, pouvaient offrir une solution pratique. Contrairement à d’autres pays qui ont interdit les crypto pour des raisons idéologiques ou de contrôle, la Bolivie a agi par nécessité économique. Et ça a fonctionné. En un an, l’usage des crypto-monnaies a augmenté de plus de 500 %.

Comment les Boliviens accèdent aux échanges aujourd’hui

Aujourd’hui, les Boliviens n’ont plus besoin de contourner une interdiction. Ils accèdent légalement aux échanges de crypto-monnaies. Les plateformes comme Binance, Kraken ou Coinbase sont accessibles sans VPN. Les utilisateurs peuvent créer des comptes, déposer des fonds en bolivianos via des transferts bancaires, et acheter des stablecoins comme USDT ou USDC.

Les banques locales, qui étaient interdites de traiter les crypto il y a un an, ont maintenant des protocoles pour accepter les dépôts liés aux échanges de crypto. Certaines banques ont même lancé des partenariats avec des fournisseurs de services de crypto (VASP) pour faciliter les conversions entre bolivianos et stablecoins. Les transactions se font souvent en deux étapes : d’abord, l’argent est transféré à un service de paiement local autorisé, puis converti en stablecoin sur une plateforme étrangère.

Les jeunes, surtout dans les villes comme La Paz, Santa Cruz et Cochabamba, sont les plus actifs. Ils utilisent les crypto pour envoyer de l’argent à l’étranger, acheter des biens numériques, ou simplement protéger leur épargne contre l’inflation locale. Les remises de la diaspora bolivienne - notamment aux États-Unis - sont désormais souvent effectuées en USDT, car c’est plus rapide et moins cher que les services traditionnels comme Western Union.

Le cadre légal : une régulation claire et active

Le gouvernement bolivien ne s’est pas contenté de lever l’interdiction. Il a construit un cadre légal solide. Le 16 avril 2025, la Résolution N° 019/2025 a reconnu les actifs virtuels comme des entités juridiques. Puis, le 25 mai 2025, le Décret Suprême N° 5384 a établi les règles complètes pour les fournisseurs de services crypto.

À partir de cette date, toute entreprise qui veut opérer en Bolivie - même si elle est basée à l’étranger - doit demander une licence auprès de la Banque centrale. Cela inclut les échanges, les portefeuilles, et les services de conversion. Les plateformes non autorisées sont bloquées par les fournisseurs d’accès Internet locaux, et les entreprises locales qui les soutiennent risquent des amendes lourdes.

La BCB a aussi mis en place un système de surveillance en temps réel des transactions suspectes. Les échanges doivent signaler les opérations supérieures à 10 000 USD et vérifier l’identité des clients (KYC). Ce système, inspiré de celui de l’Union européenne, vise à empêcher le blanchiment d’argent tout en permettant l’innovation.

Une balance géante compare bolivianos et stablecoins sous l'œil bienveillant de la banque centrale.

Les stablecoins : la clé du succès

La plupart des transactions en Bolivie ne se font pas en Bitcoin ou Ethereum. Elles se font en stablecoins. Pourquoi ? Parce que le boliviano perd 30 % de sa valeur chaque année en moyenne. Le dollar, lui, est rare et cher. Les stablecoins offrent une alternative stable, facilement transmissible et accessible via des applications mobiles.

La Banque centrale elle-même utilise les stablecoins pour les paiements transfrontaliers. Depuis mars 2025, elle les emploie pour payer les importations de produits médicaux et d’équipements agricoles. Cela réduit les délais de paiement de plusieurs semaines à quelques heures. Les entreprises privées ont suivi. Des coopératives agricoles utilisent maintenant des USDT pour acheter des semences en Argentine ou des machines en Chine.

Les Boliviens apprennent à utiliser les stablecoins grâce à des campagnes de sensibilisation publiques. La BCB a créé des vidéos courtes en quechua, en aymara et en espagnol, expliquant comment acheter, stocker et sécuriser des crypto-monnaies. Des ateliers sont organisés dans les écoles, les marchés et les centres communautaires.

Coopération avec El Salvador : un modèle à suivre

La Bolivie n’a pas créé son système de crypto-régulation en solitaire. Elle a signé un protocole d’accord indéfini avec El Salvador en mars 2025. Ce partenariat permet un échange constant d’expertise : les techniciens boliviens apprennent à détecter les fraudes, à analyser les chaînes de blocs, et à surveiller les plateformes non régulées.

El Salvador, qui a rendu le Bitcoin monnaie légale en 2021, a été un modèle pour la Bolivie - mais pas un modèle à copier. La Bolivie a choisi une voie plus prudente : elle n’a pas rendu le Bitcoin monnaie légale, mais elle l’a rendu légal comme actif. C’est une différence importante. Les Boliviens peuvent l’utiliser, mais ils ne sont pas obligés de l’accepter comme paiement.

Les experts estiment que cette approche équilibrée est la raison pour laquelle la transition a été si fluide. Il n’y a pas eu de panique, pas de fuite massive de capitaux, pas de crash boursier. La croissance a été contrôlée, progressive, et soutenue par des règles claires.

Une femme âgée apprend à sécuriser son portefeuille crypto dans un atelier communautaire.

Les défis restants

Même si tout semble aller bien, des défis persistent. Les zones rurales, où l’accès à Internet est lent ou coûteux, restent en marge. Les personnes âgées ont du mal à comprendre les portefeuilles numériques. Et certains secteurs, comme l’État pétrolier YPFB, sont encore interdits d’utiliser les crypto-monnaies pour les achats internationaux - une mesure de prudence pour éviter les risques de volatilité.

Le plus grand danger reste les arnaques. Des scammers ont commencé à proposer des « rendements garantis » en crypto, souvent en se faisant passer pour des plateformes officielles. La BCB a déjà bloqué plus de 20 sites frauduleux en 2025. Les campagnes d’éducation continuent, mais la vigilance reste essentielle.

Le futur de la crypto en Bolivie

En 2025, la Bolivie est devenue l’un des pays avec la croissance la plus rapide en matière d’adoption crypto en Amérique du Sud. Elle n’est pas encore un hub comme Singapour ou les Émirats, mais elle est en train de construire un écosystème durable. Les startups locales se lancent dans la finance décentralisée (DeFi), les applications de paiement en crypto se multiplient, et les universités proposent des cours sur la blockchain.

Le prochain grand pas ? La création d’une monnaie numérique de banque centrale (CBDC) en partenariat avec la Banque mondiale. Des tests sont prévus en 2026. Si ça marche, la Bolivie pourrait devenir le premier pays d’Amérique du Sud à lancer une monnaie numérique qui fonctionne en parallèle avec les stablecoins.

La transformation de la Bolivie est un exemple rare : un pays qui a reconnu son erreur, a écouté ses citoyens, et a construit un cadre légal intelligent pour l’avenir. Ce n’est pas une révolution idéologique. C’est une révolution pratique. Et elle fonctionne.

Les Boliviens peuvent-ils encore acheter du Bitcoin légalement en 2025 ?

Oui, totalement. Depuis la levée de l’interdiction en juin 2024, posséder, acheter et vendre du Bitcoin, de l’Ethereum ou tout autre crypto est légal en Bolivie. Les plateformes régulées comme Binance ou Kraken sont accessibles sans restriction. Toutefois, les transactions doivent passer par des fournisseurs de services de crypto (VASP) autorisés par la Banque centrale.

Pourquoi les Boliviens utilisent-ils surtout les stablecoins ?

Les stablecoins, comme USDT ou USDC, sont liés au dollar américain, ce qui les rend stables. Le boliviano perd en valeur chaque année à cause de l’inflation, et le dollar physique est difficile à obtenir. Les stablecoins offrent une alternative rapide, sécurisée et accessible via un téléphone portable, sans avoir besoin de passer par les banques traditionnelles.

Les banques boliviennes acceptent-elles les transactions en crypto ?

Oui, mais indirectement. Les banques ne traitent pas directement les crypto-monnaies, mais elles autorisent les transferts vers des services de paiement agréés qui convertissent les bolivianos en stablecoins. C’est un système hybride : l’argent entre par la banque, sort en crypto via un partenaire régulé.

Est-ce que la Bolivie a rendu le Bitcoin monnaie légale comme El Salvador ?

Non. Contrairement à El Salvador, la Bolivie n’a pas rendu le Bitcoin ou une autre crypto monnaie légale. Elle l’a simplement légalisé comme actif financier. Les entreprises ne sont pas obligées d’accepter les crypto comme paiement, et les salaires sont toujours payés en bolivianos ou en dollar.

Quels sont les risques d’utiliser les crypto en Bolivie aujourd’hui ?

Le principal risque est la fraude. Des escrocs créent des sites web ressemblant à des plateformes officielles pour voler les clés privées. La Banque centrale a bloqué plus de 20 sites en 2025. Il est crucial de n’utiliser que des plateformes listées sur le site de la BCB et de ne jamais partager ses mots de passe ou sa phrase de récupération.

11 Commentaires

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    Stephane Castellani

    novembre 2, 2025 AT 11:49

    C’est fou comment une crise peut forcer l’innovation 😅

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    Sabine Petzsch

    novembre 4, 2025 AT 09:25

    Je suis tellement impressionné par la façon dont les Boliviens ont transformé une interdiction en opportunité 💪
    Les stablecoins, c’est comme le Bitcoin pour les gens qui veulent survivre, pas devenir millionnaires 😄

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    Aude Martinez

    novembre 6, 2025 AT 03:15

    Je comprends pas pourquoi ils ont pas fait ça plus tôt genre depuis 2018 ou même 2020
    les gens souffraient déjà et maintenant ils ont un truc qui marche

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    Laurent Beaudroit

    novembre 7, 2025 AT 09:33

    Vous croyez vraiment que c’est une révolution ?
    Non c’est juste une fuite en avant. La BCB a paniqué, elle a vu que les gens utilisaient déjà le crypto en sous-main alors elle a légalisé pour ne pas perdre la face. C’est du politicien, pas de l’innovation.

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    René Fuentes

    novembre 8, 2025 AT 04:09

    J’adore l’idée que les écoles et les marchés organisent des ateliers pour apprendre les crypto.
    Ça montre qu’ils ont compris que la technologie, c’est pas juste pour les geeks.
    Le vrai progrès, c’est quand tout le monde peut y accéder, même les grands-parents qui ont peur du téléphone.

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    Martine Caillaud

    novembre 9, 2025 AT 02:05

    Oh mon Dieu, les Boliviens sont en train de réinventer la finance... et nous, on se bat encore pour savoir si on peut acheter du café avec une carte bancaire sans frais 😅
    On est en 2025, pas en 2008.

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    Philippe Foubert

    novembre 11, 2025 AT 00:23

    Le truc qui m’a scanné, c’est le VASP. C’est pas juste un acronyme, c’est une révolution administrative.
    Les plateformes doivent être licensées, KYC obligatoire, surveillance en temps réel - c’est le modèle que l’UE devrait copier, pas l’inverse.
    Et les gens qui disent que c’est dangereux ? Bah oui, mais c’est comme la route : sans feux rouges, tu te tues.

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    James Coneron

    novembre 12, 2025 AT 17:19

    Vous croyez vraiment que c’est pour aider les gens ?
    Non. C’est un piège. La Banque centrale veut contrôler chaque transaction, chaque wallet, chaque Satoshi.
    Un jour, ils vont bloquer les transferts vers les États-Unis, ou imposer des taxes sur les USDT.
    Et puis ils vont dire : "On vous l’avait dit, la crypto c’est dangereux".
    Ça sent le contrôle total, pas la liberté.
    Regardez la Chine, regardez la Russie, regardez... la Bolivie maintenant.
    La blockchain, c’est pas pour les gouvernements. C’est pour les gens qui veulent être libres.

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    Anne Sasso

    novembre 13, 2025 AT 08:50

    Il convient de souligner que la mise en œuvre du cadre juridique a été rigoureusement orchestrée, avec une séquence temporelle clairement définie entre la résolution n° 82/2024 et le décret suprême n° 5384, ce qui démontre une approche normative exemplaire.
    De plus, l’adoption de normes KYC inspirées de l’UE est un signe de maturité institutionnelle remarquable.

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    Julie Collins

    novembre 13, 2025 AT 14:14

    Je viens de Swisse, et j’ai vu des Boliviens à Genève utiliser USDT pour payer leur loyer en cash à leur propriétaire…
    Je me suis dit : "WTF, c’est la fin du monde ?"
    Non, c’est juste la fin de l’absurde.
    Les gens veulent juste pas se faire arnaquer par les banques. Et là, ils ont trouvé un moyen.

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    Anne-Laure Pezzoli

    novembre 13, 2025 AT 20:41

    Je trouve ça beau qu’ils aient fait des vidéos en quechua et en aymara.
    Ça montre qu’ils pensent à tout le monde, pas juste aux urbains.
    Je me demande si ça marcherait chez nous…

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