Restrictions sur les échanges de crypto pour les Nigérians : Ce qui a changé en 2025
Mary Rhoton 16 décembre 2025 0

En 2021, les Nigérians avaient peur d’ouvrir leur application de crypto. Les banques refusaient de traiter leurs transactions. La police arrêtait des gens pour avoir des comptes Binance ou Paxful. En 2025, tout a changé - mais pas comme beaucoup le pensent.

La loi ISA 2025 : fin de l’interdiction, début de la régulation

Le 15 mars 2025, le président Bola Ahmed Tinubu a signé la Investments and Securities Act (ISA 2025). Ce n’était pas une simple réforme. C’était un retournement total. Pour la première fois, les crypto-monnaies sont reconnues comme des titres financiers au Nigeria. Cela signifie que les plateformes comme Quidax, Busha ou même Binance doivent désormais être autorisées par la Securities and Exchange Commission (SEC) pour opérer légalement.

Avant cette loi, le Nigeria était le pays au monde avec le plus grand volume d’échanges P2P (pair-à-pair). Plus de 22 millions de Nigérians utilisaient des crypto-monnaies, souvent pour contourner l’instabilité du naira ou envoyer de l’argent à l’étranger. Mais la Banque centrale (CBN) avait interdit aux banques de traiter les transactions crypto. Résultat : des milliers de gens se retrouvaient bloqués, sans accès à leurs fonds, même s’ils n’avaient rien fait d’illégal.

La loi ISA 2025 a effacé cette interdiction. Les banques peuvent maintenant ouvrir des comptes aux échanges de crypto si ces plateformes sont agréées. C’est un changement radical. Le Nigeria n’est plus un pays qui interdit. Il est en train de devenir un pays qui régule - et cela pourrait en faire la capitale africaine de la fintech.

Qui est autorisé à fonctionner ?

Depuis juillet 2025, seules les plateformes ayant reçu une licence de la SEC peuvent opérer légalement au Nigeria. Deux entreprises locales ont été les premières à obtenir leur agrément : Quidax et Busha. Elles ont dû passer des audits rigoureux sur la conformité anti-blanchiment (AML) et la lutte contre le financement du terrorisme (CFT). Le processus prend des mois. Plus de 40 demandes sont encore en attente.

Les plateformes internationales comme Binance, Kraken ou Coinbase ne peuvent pas encore opérer directement. Elles doivent créer une entité locale, embaucher un équipe de conformité au Nigeria, et soumettre des documents en anglais et en pidgin. Beaucoup hésitent. Le coût de la conformité est élevé, et la bureaucratie est lente.

La loi définit clairement ce qui est couvert : toute représentation numérique de valeur utilisée pour investir ou payer. Cela inclut les tokens, les stablecoins comme USDT, et même les NFT à but financier. Mais les NFT artistiques - comme une œuvre d’art numérique unique - ne sont pas concernés. La SEC ne les surveille pas.

Les restrictions qui persistent - même si la loi a changé

La loi a changé. Mais la réalité, elle, n’a pas encore rattrapé le texte.

Des centaines de Nigérians racontent sur Reddit et Twitter qu’ils sont toujours arrêtés par la police pour avoir des comptes crypto. Les agents exigent des « amendes » de 50 000 à 500 000 nairas pour libérer un téléphone ou un ordinateur. Certains disent avoir été battus. Aucune sanction officielle n’a été prononcée contre ces agents. Pourquoi ? Parce que la loi n’a pas encore été enseignée aux forces de l’ordre. La plupart des policiers n’ont jamais lu l’ISA 2025.

Autre problème : les banques. Même si la CBN a autorisé les échanges agréés à ouvrir des comptes, beaucoup de banques refusent toujours. Elles ont peur d’être sanctionnées par la suite. Certaines exigent des garanties de 2 millions de nairas avant d’ouvrir un compte à un échange. Pour un petit trader, c’est impossible.

Les utilisateurs ne savent pas non plus comment vérifier si une plateforme est légale. La SEC a publié une liste des échanges agréés, mais elle est difficile à trouver. Beaucoup de gens utilisent encore des plateformes non autorisées - et ils ne le savent pas. Si l’une de ces plateformes disparaît, ils perdent tout. Et la loi ne les protège pas.

Un trader nigérian utilise Quidax en toute sécurité, entouré de symboles de conformité et de fiscalité.

Les nouveaux risques : fiscalité et surveillance

La SEC a annoncé en octobre 2025 qu’elle travaille sur un système de taxation des crypto-monnaies. Les transactions de vente, d’échange ou d’achat avec des profits pourraient être imposées. Pas encore de taux fixé, pas encore de date. Mais les traders doivent s’y préparer.

En parallèle, la NFIU (Unité de renseignement financier du Nigeria) a accès aux données des opérateurs de téléphonie mobile. Si vous faites des transferts crypto répétés avec des comptes étrangers, vous pouvez être surveillé. Ce n’est pas une violation de la vie privée - c’est une exigence de la loi. L’objectif est de bloquer les escroqueries. Mais pour un utilisateur normal, ça donne l’impression d’être sous surveillance constante.

Les experts disent que cette combinaison - taxation + surveillance + conformité lourde - pourrait décourager les petits traders. Ceux qui utilisent les crypto pour survivre, pas pour spéculer. Ceux qui vendent des produits en ligne et reçoivent des paiements en USDT. Pour eux, la régulation pourrait devenir une charge, pas une protection.

Comment savoir si vous êtes en règle ?

Si vous êtes un Nigérian qui utilise des crypto-monnaies, voici ce que vous devez faire :

  1. Vérifiez la liste des échanges agréés sur le site de la SEC Nigeria. Seules les plateformes sur cette liste sont légales.
  2. Ne stockez pas vos crypto sur des plateformes non agréées. Même si elles ont l’air sûres, elles n’ont pas de garantie légale.
  3. Conservez les preuves de vos transactions. Si la police vous arrête, vous aurez besoin de vos historiques de transfert pour prouver que vous n’êtes pas un fraudeur.
  4. Évitez les plateformes qui ne demandent pas d’identité. La loi exige la vérification de l’identité (KYC). Si une plateforme ne le fait pas, elle est illégale.
  5. Utilisez uniquement les comptes bancaires liés à un échange agréé. Votre banque ne doit pas refuser de traiter vos paiements si l’échange est légal.

La plupart des utilisateurs ne le font pas. Ils pensent que « si ça marche, c’est bon ». Mais en 2025, ce n’est plus vrai. La loi est là. Et elle a des dents.

Une ville nigériane futuriste où les citoyens utilisent légalement les crypto-monnaies sous la protection de la SEC.

Quidax et Busha : les seuls gagnants pour l’instant

Quidax et Busha ne sont pas les plus populaires. Binance l’est encore. Mais ils sont les seuls à avoir survécu à la régulation. Ils ont embauché des avocats, des auditeurs, des experts en AML. Ils ont mis en place des systèmes de traçabilité des fonds. Ils ont même créé des guides en pidgin pour aider les utilisateurs à comprendre la loi.

Leur clientèle a augmenté de 40 % depuis juillet 2025. Pourquoi ? Parce que les gens commencent à comprendre : la sécurité, c’est la légalité. Ils ne veulent plus perdre leur argent à cause d’un échange qui disparaît. Ils veulent pouvoir déposer leur argent en naira sans être arrêtés.

Les petits acteurs ne peuvent pas suivre. Les plateformes locales qui ne sont pas encore agréées ferment. Les échanges étrangers attendent. Ce sont les grands qui gagnent. Et les utilisateurs doivent choisir : prendre le risque, ou choisir la sécurité.

Le futur : une révolution ou une nouvelle cage ?

Le Nigeria a une chance unique. Il a la plus grande population jeune d’Afrique. Il a une culture d’innovation. Il a des millions de gens qui ont appris à utiliser la crypto sans banque. Maintenant, il a une loi.

Si le gouvernement met en œuvre cette loi de manière cohérente - si la police cesse d’arrêter les gens, si les banques acceptent les échanges agréés, si la fiscalité est claire - alors le Nigeria pourrait devenir un modèle pour l’Afrique.

Si, en revanche, la régulation devient une machine bureaucratique qui écrase les petits, alors les gens retourneront à l’ombre. Les échanges illégaux reprendront. Les escroqueries aussi. Et le Nigeria perdra son avance.

En octobre 2025, le marché crypto nigérian vaut 400 millions de dollars. C’est une économie entière. Elle n’a pas besoin d’être interdite. Elle a besoin d’être guidée. La question n’est plus de savoir si les Nigérians peuvent utiliser la crypto. La question est : le pays est-il prêt à les protéger ?

Les Nigérians peuvent-ils encore acheter des crypto-monnaies en 2025 ?

Oui, absolument. Il n’y a aucune interdiction de posséder ou d’acheter des crypto-monnaies. La loi ISA 2025 autorise les transactions, mais seulement si elles se font via des plateformes agréées par la SEC. Les utilisateurs peuvent acheter, vendre et échanger des crypto, mais ils doivent s’assurer que leur échange est légalement enregistré.

Pourquoi la police arrête-t-elle encore des gens qui ont des crypto ?

Parce que la loi n’est pas encore bien connue des forces de l’ordre. Même si la banque centrale et la SEC ont changé de politique, les policiers dans les quartiers n’ont pas reçu de formation. Beaucoup pensent encore que la crypto est illégale. Certains en profitent pour extorquer de l’argent. C’est un problème d’application, pas de loi. Des campagnes de sensibilisation sont en cours, mais elles prennent du temps.

Les échanges comme Binance sont-ils interdits au Nigeria ?

Binance n’est pas autorisé à opérer directement au Nigeria. Il ne possède pas de licence de la SEC. Les Nigérians peuvent toujours accéder au site, mais ils le font à leurs risques et périls. Si Binance ferme un compte ou disparaît, les utilisateurs n’ont aucun recours légal. Seuls les échanges agréés comme Quidax et Busha offrent une protection juridique.

La SEC va-t-elle imposer des impôts sur les crypto ?

Oui, la SEC confirme qu’elle travaille sur un cadre fiscal pour les crypto-monnaies. Les gains réalisés sur les ventes ou les échanges pourraient être soumis à l’impôt sur le revenu. Aucun taux ni date d’application n’ont été annoncés, mais les traders doivent s’attendre à devoir déclarer leurs transactions. Cela pourrait être mis en place en 2026.

Comment vérifier si un échange est légal au Nigeria ?

Allez sur le site officiel de la Securities and Exchange Commission (SEC) du Nigeria. Il y a une section dédiée aux « Virtual Asset Service Providers (VASPs) agréés ». Seuls les noms sur cette liste sont légaux. Si un échange n’y figure pas, il n’est pas autorisé. Ne faites pas confiance aux publicités ou aux recommandations sur les réseaux sociaux.